Les 16 et 17 octobre, je fais 2 jours de pause dans la capitale géorgienne, à Tbilisi. Je suis accueillie par l’intermédiaire de warmshowers par Mar, pour une fois une hôtesse!
Mar est passionnée de cyclo-tourisme, et a fait de sa passion pour le vélo son métier: elle est la co-fondatrice de deux NGO, Caucasus cycling network, qui promeut le cyclisme en Géorgie et organise des tours en vélo dans le Caucase, et @bikecommutingtbilisi, dédié plus spécifiquement à promouvoir la pratique du vélo dans Tbilisi (encore très peu pourvu de pistes cyclables et vraiment pas "bike friendly").
Chez Mar, je re-découvre presque l’ambiance des maisons warmshowers d’Amérique du Sud, qu’on appellait aussi les "casa de cyclista", accueillant plusieurs cyclo-touristes en même temps. Le premier soir, je loge avec un couple de suisses d’une soixante d’années, Katia et ? (j’ai oublié son nom), et le dernier soir avec un couple d’argentins de mon âge, Lucia et Alfonso. Chacun a sa pratique du cyclo-tourisme: les suisses voyagent avec 50 (!) kilos de bagage, pour avoir tout ce qu’il faut et parier à tout: une cafetière, d’énormes Tupperware pour stocker la bouffe en mode vrac, une surtoit pour la tente en cas de pluie, plein d’outillage pour le vélo, un couteau spécial pour couper le bois et faire des feux...
Quant à Lucia et Alfonso, ils voyagent depuis 4 ans, mais en travaillant et en faisant de longs intermèdes pour prendre le temps de travailler: ils sont actuellement juste de retour à Tbilisi où ils ont laissé leurs vélos, après un retour de 2 mois en Argentine, surtout pour le boulot.
Avec Mar
Les deux couples sont tous deux pressés de rejoindre l’Arménie, avant l’arrivée d’un froid plus intense et de l’hiver. Mais moi, j’ai un gros faible pour la Géorgie, la beauté sauvage du Caucase, sa campagne brute de décoffrage, son excellente cuisine bien sous-evaluée. Je me vois presque passer ma retraite dans un village isolé du Caucase, que j’explorerais à skier l’hiver, et évaluerais le potentiel de grimpe l’été...
Alors de mon côté, je prolonge mon séjour géorgien et je me prépare pour explorer une autre région du Caucase, le Kazbegi, situé à deux jours de vélo de Tbilisi.
Je fouille notamment les fripes de Tbilisi, pour trouver des chaussures de rando d’occasion: et oui, il est temps de dire au revoir à mes tennis trouées et de mieux m’équiper pour la rando sur la neige !
J’en profite pour visiter aussi la vieille-ville de Tbilisi et dîner avec un autre hôte warm showers que j’avais contacté en même temps que Mar, Roman. Celui-ci, russe d’origine mais ayant quitté son pays depuis vingt ans, vient de s’installer à Tbilisi avec sa copine. Avant, au gré de ses différents postes de recherche (il a fait une thèse en maths computationnelles et finit un Master supplémentaire en biologie computationelle), il a bourlingué en Suisse, France, à Taïwan et à Budapest.
Très curieux, il me pose des questions très poussées sur ma thèse, sur mes idéaux concernant mon futur job, me donne des conseils sur mon avenir professionnel, des conseils de lectures du MIT à suivre en ligne, etc. Curieux comme parfois les rencontres liées au vélo nous rapprochent de nos autres centres d’intérêt !
La vieille ville de Tbilisi
Mais au bout de 2 jours, ma tête est déjà en train de penser à mes prochaines aventures à vélo, et mes jambes fourmillent, il est temps de repartir ! Alors que certains cyclistes peuvent rester une semaine dans une ville, au bout de 2 jours, je suis toujours impatiente, la tête dans les cartes et dans mes prochains itinéraires, que ce soit à vélo ou en rando...
18 octobre - de Tbilisi à Zemo Mleta - sur la Georgian Military highway
Le mardi 18 octobre, je quitte donc la capitale Géorgienne toujours bien humide, la pluie a encore frappé la nuit dernière.
Mar m’a averti que la route que je compte emprunter sera pas forcément agréable, à cause de sa circulation. Il s’agit de la célèbre "Georgian Military road", qui traverse le Caucase pour rejoindre la Russie. Principale route qui mène en Russie, elle est traversée tous mes jours notamment par des files de camions.
D’ailleurs, la plupart des cyclo-touristes que j’ai croisés et ayant visité le Kazbegi ont laissé leur vélo à Tbilisi, et sont allés la bas en marshrutka (le célèbre mini bus géorgien). Mais j’ai de mon côté bien envie de faire les approches montagneuses à vélo !
Au final, la circulation reste la plus embêtante aux abords de la capitale, mais dés que je quitte la route qui rejoint Batumi, Istanbul et autres villes majeures, et emprunte le début de la Georgian Military Highway, ça se calme.
Le début de la route n’a effectivement rien de charmant: beaucoup de restaurants et de supermarchés, qui profitent de la fréquentation de la route.
Plus loin, les spots pour les touristes, où la photo devant le panorama à l’intérieur d’un cœur "I love georgia" coute 5 lari, de même que les toilettes.
Ma première pause touristique se fait au niveau du réservoir de Zhinvali, où se dresse la superbe forteresse d’Ananuri, avec son église.
J’ai pas encore pris l’habitude de me couvrir entièrement la tête quand j’entre dans une église, alors que les femmes qui en garde l’intérieur sont toujours habillées d’une longue robe noire et d’un foulard noir sur la tête. J’ai donc l’impression qu’on me regarde bizarrement...
La forteresse D’Ananuri
Je continue ensuite ma route: les camions ne sont pas en fait si gênants, car ils sont surtout garés en file sur le bord de la route. Ils semblent qu’ils n’ont pas l’autorisation de rouler de jour, et circulent surtout la nuit. Les conducteurs patientent donc au bord de la route, en fumant des clopes, buvant des sodas, ou en mangeant des ramen. Je repère un camion venant tout droit de Boulogne sur Mer !
En fin d’après-midi, je suis déjà à l’abord d’une vallée montagneuse, et j’aperçois au loin des débuts de sommets enneigés.
Je plante ma tente sur les hauteurs du village de Zemo Mleta, à 1400m d’altitude. J’ai bien avancé aujourd'hui, en faisant une centaine de km. Je ne suis plus qu’à 45 km de là ville de Stepantsminda, située au cœur du Kazbegi.
19 octobre - Arrivée en Kazbegi
Je passe une mauvaise nuit, encore une fois à cause des chiens. L’un rôde autour de ma tente, en aboyant comme un malade en direction d’autres chiens plus loin, qui répondent sur le même ton.
Je n’ai jamais aimé les chiens mais là, ça se transforme en haine profonde pour cet animal qui est au final une création de l’homme: j’ai envie d’exterminer toutes les races qui ne servent pas à guider les aveugles, sauver les gens des avalanches, ou garder les troupeaux de brebis...
La route est ensuite plus grimpante. Je pédale dans un paysage d’abord automnal, entre brume et couleurs d’automne. Puis vers la ville de Gudauri, qui abrite une station de ski, une atmosphère hivernale règne, à mesure que se dévoile au loin les monts du Caucase tous vêtus d’un manteau de neige au sommet.
Je m’arrête pour une pause café: en Géorgie, on me propose souvent soit le café turc, soit un Nescafé (donc du café soluble degueu). J’opte toujours pour le café turc, qui est plus ou moins bien preparé. Alors que lors de ma première visite à Istanbul, j’avais horreur du breuvage, j’ai appris à l’apprécier, et a savoir m’arrêter pile au moment où l’épaisse couche de Marc le rend imbuvable.
J’atteins ensuite l’une des principales attractions touristiques de la Georgian Military highway, le monument de l’amitié Russo-géorgienne. Bien sûr, de nombreux bus de touristes y vont escale.
Alors que je m’avance en vélo vers le monument, je deviens moi aussi l’attraction du moment: les touristes veulent me prendre en photo avec mon vélo. Je fais notamment la connaissance du Jini, une sud-coréenne qui a voyage elle aussi en vélo en Espagne, et qui me propose de me loger à mon retour à Gudauri.
Le monument et les drapeaux ukrainiens
Le monument consiste en une énorme fresque, qui semble retracer l’histoire commune des 2 pays. Mais en ces heures si noires pour la Russie, je me demande bien qu’elle est la signification de ce monument.
Le drame de la guerre touche les géorgiens de près, et ils sont tous très en faveur de l’Ukraine, comme en témoigne les nombreux drapeaux ukrainiens sur les façades des maisons.
A tbilisi, je croise des tags « Fuck Putin » et une dame me demande s’il y a beaucoup de réfugiés ukrainiens en France.
Mais la Géorgie accueille aussi comme elle peux tous les russes qui fuient la Russie en guerre: Mar me dit qu’il y a environ 200000 russes dans la capitale, sur une population totale de 2 millions.
Leur arrivée a créé une flambée des prix, notamment au niveau des loyers.
Après le monument, j’arrive au col de Jvari, qui à 2395m, est le plus haut col que j’ai passé lors de mon voyage.
Une descente m’amène ensuite sur la vallée de la Kazbegi: j’y croise notamment à toute vitesse un cycliste qui va dans l’autre sens, portant en plus de sacoches un énorme sac à dos sur le dos, et qui parait bien pressé. J’imagine mal comment un cyclo-voyageur classique aurait envie de voyager avec un tel fardeau sur le dos: serait-ce donc un Russe qui s’échappe tant qu’il est encore temps du pays ?
Arrivée en milieu d’après-midi à Stepantsminda, je prends le temps de faire la petite marche qui m’amène à l’Eglise Élia perchée sur une colline au dessus de la ville. De là, il y a un beau point de vue sur le mont Kazbek, mais qui est souvent entouré d’un voile de nuages.
L’église Elia
Le soir, à la guest-house, je dîne en compagnie de Reinhard, un allemand d’une soixante d’années qui est venu d’Allemagne en moto pour faire de l’alpinisme sur les sommets du Caucase. Il a tenté le mont Kazbek, mais a fait demi-tour avant le sommet, car les conditions automnales sont pas idéales.
Ambiance à Stepantsminda
20 octobre - rando vers le glacier de Gergeti
Je pars pour faire la randonnée classique en direction du glacier de Gergeti, à l'aplomb du Mont Kazbek. Je quitte la guest house à 6h15, alors qu’il fait encore nuit. Tous les topos disent de partir tôt, au vu de la longueur de la rando, et car le Mont Kazbek a tendance à être sous les nuages dans l’après-midi.
Mais aujourd'hui, je risque de toute façon d’avoir une météo très moyenne: alors que selon les dires de Météo blue, la journée est seulement nuageuse, après l’apparition d’un orage non annoncé hier soir, je regarde les autres météo et voit qu’elles sont plus pessimistes, annonçant une journée pluvieuse.
Et effectivement, en atteignant le village de Gergeti, je suis accompagnée de 2 choses dont j’ai du mal à me débarrasser en Géorgie: de la pluie (légère pour l’instant), et des chiens.
J’atteins rapidement l’Église de Gergeti, une des plus connues et iconiques de Géorgie. A l’intérieur, alors qu’il est à peine 7h du matin, une sorte de messe est en cours: un homme lit des psaumes, pendant que d’autres prient à côté.
L’Église Gergeti au petit matin
Je continue mon chemin: alors que je longe une arête, la pluie s’accompagne de bourrasques de vent, et je commence sévèrement à me les cailler.
A 2800m, la pluie se transforme en flocons de neige, qui ont au moins le mérite de moins me mouiller.
Au col de Sabertse, à tout juste 3000m, j’enfile ma doudoune
que je ne quitterai plus de la journée.
Baby, it’s cold outside !
Je commence sérieusement à me demander si je devrais pas faire demi-tour au vu de la météo, mais j’aperçois au loin l’Altihut, le fameux refuge nouvellement ouvert qui a pour ambition d’être comme un de ses refuges luxueux suisses.
Autant y aller et voir si je peux me réchauffer...
Arrivée au refuge, je commande un thé, et remarque qu’effectivement les prix sont suisses, puisque celui-ci me coute presque 4 euros. Mais Sophie, la gardienne me donne en prime des cookies fait maison.
Je sympathise avec elle, alors qu’elle commence à me parler en Français, m’expliquant qu’elle a fait 4 ans d’études à Limoges.
Mais maintenant, elle se consacre plutôt à la montagne: elle est monitrice de snow à Gudauri, et adore faire du ski de rando avec sa splitboard dans les coins reculés de Géorgie: elle me parle de ses coins préférés, et nous échangeons nos numéros, car elle aimerait beaucoup retourner en France skier.
Elle m’explique que le refuge a été pensé et construit à l’aide d’une organisation suisse, a été construit en ville puis helitreuillé jusqu'ici.
A l’intérieur de l’Altihut
L’arrêt au refuge m’a revigorée: alors que quelques éclaircies pointent le bout de leur nez et que le gardien me confirme que la variante en boucle par le village d’Arsha est bien praticable, je décide de m’en tenir à mon plan originel, de bien grimper jusqu'à l’aplomb du glacier, et suivre le sentier jusqu'à Arsha (supposé plus long et soutenu que celui pour aller à Stepantsminda).
La marche jusqu'au glacier n’a rien de remarquable, la neige recouvre tout de toute façon. Je croise quelques guides locaux équipés avec du matos d’alpinisme.
Puis, je fais demi-tour pour rejoindre le sentier qui mène à Arsha, qui comme annoncé sur les topos, n’en ai pas vraiment un, et est vraiment mal marqué.
Je descends donc dans la vallée de la rivière Chkhati, presque le plus vite possible, même sans sentier, car la pluie a repris de plus belle, et je commence à être trempée jusqu’aux os.
Dans la vallée Arsha
Alors que je suis presque de retour à la civilisation, aux alentours du hameau de Toti, je vois un gros troupeau de brebis. Et mince, ça veut dire des chiens de berger aux alentours, réputés très agressifs dans les parages. Et effectivement, ceux-ci, nombreux (j’en compte pas moins que 7) viennent vite à ma rencontre, en aboyant furieusement, l’un deux portant même un coup de dents à mon sac à dos. Je m’éloigne vite du troupeau, même si ça me fait passer dans un massif de plantes à épines qui s’agripent et restent scotchés à mes vêtements.
Mais peu après, je n’ai plus le choix, je dois traverser un pont situé juste à côté du troupeau. Et les chiens reviennent à la charge: cinq d’entre eux m’encerclent, montrent toutes leurs dents en aboyant et semblent prêt à m’attaquer... Je sais plus quoi faire, je n’ai jamais vu de chiens aussi menaçants et agressifs (à côté, les patou français sont des peluches) ... Quand miraculeusement, le berger surgit, vient à ma rescousse, et réussit à les calmer un à un. Ouf !
Je termine ma rando alors que la pluie s’arrête et le ciel bleu pointe le bout de son nez. C’est bien la peine d’attendre que je sois arrivée...
A Arsha, je suis à 5km de Stepantsminda, donc je tente le stop. Le postier du coin dans un camion de la poste m’embarque.
Il est temps de tout faire sécher au retour à la guest-house: ça tombe bien, dans cette région bien plus touristique, le chauffage marche à plein pot, et le radiateur brûlant de ma chambre sera bien utile...
21 octobre - en vélo autour de la Kazbegi
Le vendredi, j’ai prévu de faire un petit tour à vélo autour des villages et gorges de la Kazbegi, dans un temps finalement plus beau que prévu.
Finalement pas de pluie, mais au contraire un ciel bleu qui apparaît petit à petit derrière les nuages, permettant au mont Kazbek d’enfin se dévoiler en entier au loin.
Le mont Kazbek (5054m) se dévoile
La vue du sommet me donne envie de m’y rapprocher, et décide de retourner à l’Eglise de Gergeti, en vélo cette fois.
C’est en fait plus dur qu’à pied car la route grimpe sec !
Point de vue sur L’Église de Gergeti
Puis je me dirige vers mon objectif de la journée, les gorges de Dariali, situées à une dizaine de km de Stepantsminda, juste avant la frontière avec la Russie.
Il y a beau avoir peu de km, la route est rude, car il fait très froid dans la descente. Cerise sur le gâteau, je dois en plus parcourir un tunnel non éclairé de quelques centaines de mètres, à la seule lumière de mon iPhone (j’ai laissé presque toutes mes affaires à Stepantsminda).
La montée dans les gorges de Dariali permet de me réchauffer, et est assez jolie, entre les vapeurs de brume.
Là, je suis contrôlée par des militaires russes, puis par des militaires géorgiens à un sorte de poste de douane (après, j’aurais besoin d’un laissez-passer pour continuer). Les 2 prennent soigneusement en photo mon passeport. Je reconnais les 2 nationalités différentes, grâce à leur nom écrit sur les uniformes, qui portent les lettres des alphabets d’abord cyrillique puis géorgiens.
Les gorges de Dariali
Ma prochaine visite en vélo m’amène aux cascades de Gveleti, en compagnie d’une horde de touristes venus en Martschuka. Il faudrait pas trop avoir à marcher quand même !
Puis retour à Stepantsminda, avant de prendre la route pour un village reculé de la région, Juta (et aussi celui situé le plus haut en altitude dans la région), où j’ai repéré une rando de 2 jours.
Il y a seulement une quinzaine de km depuis Stepantsminda, mais la fin de la route est non bitumée et bien grimpante, mais de toute beauté.
En direction de Juta
J’arrive à Juta vers 18h. Sur ma carte, il semble qu’il y ait pas mal de guest-house, mais je déchante vite. Les emplacements supposés semblent peu habités. Et surtout je galère simplement à me déplacer en vélo, puisque les ruelles de ce village perché constituent en des allées de boues, où mon vélo s’enfonce. Lasse, je demande à deux bergers qui sont en train de rentrer les vaches s’ils peuvent m’indiquer une guest-house. Mais ça a l’air bien compliqué: le plus jeune d’entre eux passe plusieurs coups de fil, avant de me dire qu’il y a une chambre à 800m sur les hauteurs. J’ai même pas l’adresse exacte, et surtout ça me parait bien difficile d’accès avec mon vélo, alors que la nuit commence à tomber.
Ambiance rurale à Juta
Je les remercie et décide de me débrouiller toute seule. Je retourne sur la route principale et m’arrête finalement à un cottage qui ressemble à un hôtel, même si ça me parait un peu luxueux. Ouf, c’est bien une guest-house, qui est plus chère que d’habitude: je négocie néanmoins de passer de 100 laris à 70 Laris (environ 25€). Alors que mes sacoches commencent à givrer et mon eau à geler, je n’ai qu’une hâte, c’est de me mettre au chaud, dans une chambre effectivement plus luxueuse que d’habitude !
Au niveau de la guest-house, un panneau m’indique que celle-ci est issue d’un projet “USAID Neo” entre la Géorgie et la tchekie (effectivement la logeuse n’a pas la physionomie géorgienne, et doit être tchèque): j’ai vu plusieurs de ces panneaux sur mon itinéraire en Géorgie: une NGO américaine semble aider à financer la réhabilitation de réseaux d’eau dans les coins reculés de Géorgie, et l’installation d’infrastructures touristiques.
22 octobre - rando dans la vallée de Juta
Le samedi, alors que la météo s’annonce au beau fixe, je pars en théorie pour un trek de 2 jours dans le massif du chaukhi. Celui-ci doit me faire passer par trois cols, dont notamment le premier jour par le fameux col de Chaukhi situé à 3300m d’altitude.
Là encore, au vu de la saison et de l’altitude, je sais que rien n’est joué d’avance, et que je risque de me faire bloquer par la neige.
Le sentier contourne montre très doucement dans la vallée, en serpentant le long de la rivière Chaukhi. Je dois donc effectuer plusieurs passages de rivière, alors que les rochers du cours d’eau sont tous recouverts de gel. Je traverse donc surtout à pieds nus, car c’est bien secure que de risquer de glisser en chaussures sur les rochers.
A partir de 2750m, le sentier devient enneigé. Je croise un couple que j’avais déjà repéré en voiture sur la route la veille.
Ceux-ci s’arrêtent sagement un peu au dessus de la limite neigeuse. Mais j’ai de mon côté le franchissement du col en tete, et je décide de tenter tant bien que mal de continuer à grimper dans la neige.
Ma progression est assez lente, soit je m’enfonce bien, soit ma neige est croûtée et un peu glissante.
Marche dans la neige
Alors que je suis vers 3150m d’altitude et que la couche de neige devient de plus en plus profonde, je vois que le col Chaukhi correspond bien à la pente neigeuse et bien raide qui est en face de moi. A vue d’œil, il paraît bien compliqué à franchir dans ces conditions.
Un col raide et bien enneigé
Que faire ? Je suis dans la situation du paradoxe de l’ascenseur, ou que certains appellent aussi le paradoxe de l’investisseur. Quand tu as déjà investi du temps à attendre l’ascenseur, attends-tu encore en espérant qu’il arrive, ou renonces-tu à ton projet initial pour prendre les escaliers ? De même, quand tu as déjà investi 1 million d’euros dans un projet qui paraît finalement incertain, continues tu en pensant à tout l’argent deja investi ou sors-tu du projet ?
Dans ma situation, je suis plus si loin du col, et j’ai déjà investi beaucoup d’énergie dans la marche dans la neige.
Mais deux choses me font faire demi-tour: la présence de coulées sur les faces d’en face, qui me font dire que le risque d’avalanche est non nul, et le fait que même si j’atteins le col, la descente risque d’être encore plus galère, car le topo mentionne bien que c’est raide de l’autre côté.
Pour le retour, j’essaie d’emprunter un passage plus plat qui longe la rivière, mais mauvaise idée, l’épaisseur de neige est encore plus profonde et je m’enfonce parfois jusqu’aux genoux.
Alors que je redescends, je rencontre soudain toute une populasse d’autres touristes. D’abord un Tchèque, à qui j’explique que le passage du col est compliqué et potentiellement risqué, mais il décide de tenter quand même.
Il me propose qu’on y re-aille ensemble, à deux ce sera peut être plus facile, mais je décline: maintenant que j’ai pris ma décision, on me fera plus galèrer dans la neige, il est au contraire temps de faire sécher mes pieds trempés au soleil.
(Je croiserai le Tchèque au retour, qui aura aussi échoué à atteindre le col).
Puis un groupe de russes, qui voulaient tous aller au col, certains simplement en tennis, mais qui finalement renoncent quand je leur explique les conditions.
Et enfin Adèle, qui s’avère être une française d’un peu près mon âge, qui voyage à vélo depuis 6 mois depuis la France !
Je discute un moment avec le groupe de russes, qui se sont tous enfuis de Russie au début de la guerre, et vivent maintenant à Tbilisi. Certains ont la chance d’avoir eu depuis la pandémie un job en télé-travail, mais d’autres vivent de leurs économies, en espérant pouvoir rentrer au pays bientôt ou alors finir par trouver un job en Géorgie. L’un d’eux est parti sans sa femme, qui attend un certificat pour le chat avant de migrer aussi vers la Géorgie.
Avec Adèle, comme nous avons pris les affaires pour deux jours, nous décidons de rester camper. On trouve un spot un peu dédié, avec une table pour le repas.
On est presque à 2600m, et on sait qu’on va vite avoir froid. On se réchauffe à grandes doses de thé, la rivière permet de nous ravitailler tant qu’on veut en eau, et on en profite ppur faire connaissance.
On cuisine tôt et rapidement, alors qu’autour de nous, tout notre matériel un peu humide commence à geler: les chaussettes trempées, les lacets des chaussures, le torchon, bien sûr l’eau... Le froid est compensé par une super vue: le massif du chaukhi est surnommé les dolomites géorgiennes, et on comprend pourquoi !
Ce sera donc sous la chaleur du duvet dès 18h30, pour une nuit qui s’annonce bien longue et bien fraiche...
23 octobre - de Juta à Goritshikhe
Le lendemain, alors que la température nocturne a du avoisiner les -10 degrés, c’est bien dur de sortir du duvet. Je commence à cuisiner dans l’entrée de la tente, en me disant qu’un petit dej au lit, c’est pas si mal vu les températures. Finalement, Adèle qui a besoin d’aller chercher de l’eau à la rivière me fait décider à sortir.
Juta vue d’en haut
Mais c’est vite retour dans le duvet après le petit dej pour se réchauffer. Heureusement, le soleil finit par nous réchauffer alors qu’on plie bagage.
On redescend vers Juta, alors qu’on a toutes les 2 la même idée de rando pour occuper cette journée au temps parfait, vers la vallée de Truso.
Je récupère mon vélo et commence à pédaler en sens inverse dans la vallée de Juta, pendant qu’Adele, qui a laissé son vélo dans un petit village plus en amont, fait du stop.
Sur la route qui quitte Juta et qui passe par le village de sno, et ses étranges statues de têtes
On décide de se retrouver dans la guest-house qu’a trouvé Adèle, très bon marché, et au propriétaire absolument adorable d’après Adèle.
Effectivement, quand j’arrive à vélo, le proprio Zaza m’accueille à bras ouverts et m’offre même un repas, qui constitue en fait mon deuxième déjeuner, comme j’ai déjà pique niqué en route. Mais je n’ose refuser une telle hospitalité...
L’après-midi, on se dit que le timing est trop juste pour faire la rando prévue vers la vallée de Truso, qu’on réserve pour le lendemain.
A la place, on opte pour une petite marche autour du village, avec comme guide Zaza. Celui-ci nous amène d’abord vers une source d’eau sulfureuse, qu’il nous fait goûter: celle ci est pétillante et a un drôle de goût, car très riche en minéraux. Mais elle est paraît-il très bonne pour la santé !
Ensuite, on atteint une tour, utilisée dans les temps anciens pour surveiller l’arrivée de l’ennemi dans la vallée. Effectivement, celle-ci offre un point de vue parfait des deux côtés de la route.
A côté, une église orthodoxe: Zaza va nous chercher des sortes de jupes longues, tenue requise pour pouvoir rentrer à l’intérieur de l’église. Maintenant, je comprends mieux qu’elle est la tenue adéquate exacte pour rentrer en tant que femme dans les églises géorgiennes.
Celle-ci date de 800 après JC, et a donc un style assez épuré à l’intérieur: des murs en pierre et quelques icônes qui font toujours grise mine.
Zaza nous explique que les églises recouvertes de fresques murales et colorées sont les plus récentes, alors que les plus anciennes sont bien plus épurées.
Une ballade en forme de visite guidée avec Zaza
Au cours de la marche, Zaza est bavard et nous régale de faits et d’anecdotes: Alberto Tomba aurait ainsi adoré son trip en Heliski dans la station voisine de Gudauri. On apprend aussi que si tous les camions attendent sur le côté de la route, c’est qu’il y a un quota journalier de passages de camions à la frontière, et que certains payent pour passer plus vite. Il nous dit que certains conducteurs attendent trois semaines avant de pouvoir passer la frontière.
On apprend le nom des pics autour, et leur signification. Zaza parle aussi avec nostalgie des temps soviétiques, durant son enfance, où la vie était presque plus douce. A côté de chez lui, il y avait une librairie et un cinéma, aujourd’hui plus en activité, et correspondant seulement des bâtiments délabrés.
Le soir, Zaza nous cuisine un bon repas, accompagné de bière (la bière se vend ici par bouteille de 2.5l, donc il faut avaler des pintes entières), et de chacha, la fameuse vodka locale. La tradition est d’en boire 3 shots pendant le repas, mais je m’en tiens sagement à un, car j’ai plus l’habitude de boire des alcools si forts...
Zaza nous en dit un peu plus sur son passé: il a perdu une de ses oreilles alors qu’il était mobilisé pendant la guerre d’Abrasie. Il nous dit qu’il a dit connu trois guerres, donc surtout il faut trinquer à la paix !
24 octobre - exploration de la vallée de Truso
Le lendemain, on part donc pour explorer la fameuse vallée de Truso, supposée être une des plus belles de Géorgie.
Le sentier est assez plat et long (20km), donc on nous conseille de le faire en vélo. On part donc en mode VTT, avec nos vélos tout légers, sans nos habituels gros chargements.
La vallée vaut en effet le coup d’œil, entre ses beaux canyons, le panorama sur les sommets enneigés, les sources de sulfure, les vieux villages fantômes, toujours ces fameuses églises orthodoxes de pierre, et pour finir la fameuse forteresse de Zagori.
La ballade se raconte plutôt en photos.
Immersion dans la vallée de truso
Au retour, Adèle me propose de cuisiner un désert pour le dîner du soir, pour remercier Zaza de sa chaleureuse hospitalité. Elle suggère une mousse au chocolat, qui a le mérite de nécessiter très peu d’ingrédients, et pas de four. Il faudra juste battre les œufs en neige à la main, mais apparemment ça se fait. Je lui fais confiance: vu ma nullité en cuisine et surtout en pâtisserie, je ne serai que la sous-chef !
Miracle, au petit marché du village, on trouve bien œufs et chocolat, et bien sûr aussi ces énormes bouteilles de bière de 2.5L.
En arrivant, c’est donc parti pour une session cuisine. Quand Zaza nous questionne, on lui dit que c’est un désert surprise pour ce soir. Mais on est bien dépitées quand il nous dit qu’il est diabétique, et qu’il évite tout aliment sucré !
Tant pis, cela fera sûrement plaisir à Gela et Iraqli, les deux autres invités et amis georgiens de Zaza.
En fin d’après-midi, une troisième fille arrive et partage notre chambre. Il s’agit d’une russe, Anna.
Au dîner, on a donc une belle tablée: les trois géorgiens locaux (Gela et Iraqli travaillent de manière saisonnière comme conducteurs de camions de chantier), et les trois filles étrangères.
Alors qu’on arrive à tenir de vraies conversations en anglais avec Zaza, les 2 autres ne parlent pas un mot d’anglais. Par contre, ils parlent bien le russe, qui est une langue apprise par tous les géorgiens à l’école. Donc Anna ou Zaza se chargent de faire les interprètes.
Et au menu, c’est un festin: Zaza nous a concocté comme à son habitude un repas simple mais savoureux, fait de soupe, pommes de terre avec sauce tomate faite maison, et d’une salade de crudités. Iraqli et Gela ont ramené une bonne dose de kachapuri et une grosse boîte de pâtisseries géorgiennes.
Avec la mousse au chocolat en plus, on risque pas de mourir de faim !
Mais surtout, dans la tradition géorgienne, il faut boire: ce soir là, c’est vin fait maison, ramené en bonne quantité par les 2 georgiens. Vous savez ces gros bidons en plastique de 5 ou 10L qui servent normalement à stocker de l’eau ? Et bien ceux-là, ils sont remplis de vin.
Le vin artisanal géorgien n’a rien de grands crus: l’un semble être un mélange de vin blanc et rouge, et l’autre un vin blanc pétillant assez âpre.
Et à fur et à mesure qu’on s’attelle à ce repas gargantuesque, on boit, boit et reboit. A chaque verre, il faut trinquer. Zaza, en tant que maître des lieux, donne le ton: d’abord, on trinque à la santé, c’est classique, puis au toit et à la nourriture du soir, à la paix, à la famille, aux proches, aux proches défunts, aux parents, aux enfants, aux femmes, à nos trois pays (enfin, pour la Russie, sauf à Poutine et a sa fidèle clique!), et enfin à nous tous. Zaza a quelques mots de sagesse pour chacune des choses pour lesquelles nous levons notre verre.
La tradition géorgienne est toujours d’avoir le verre plein me dit-on: alors, on passe son temps à me resservir, jusqu'à ce que je comprenne que si je veux pas finir complètement saoule, j’ai intérêt à ne plus toucher à celui-ci.
Au fur et à mesure des verres goulument avalés, les langues se délient, malgré la barrière des différents langages. On apprend que les géorgiens et les russes connaissent de la chanson française surtout Joe Dassin et Mireille Matthieu. Alors, Adèle sort sa mini-enceinte, et c’est parti pour faire tourner le répertoire de Joe Dassin. Et ça y est la soirée est lancée: Gela, le plus exuberant des trois géorgiens met l’ambiance en improvisent ses plus belles danses, et Adèle et moi suivons le rythme de bon gré. Les autres sont plus durs à faire décoller de leur chaise, mais les talents de DJ d’Adèle y parviennent quand même. J’en profite pour m’éclipser m’occuper des amas de vaisselle: avec les 2 filles, on s’est juré de ne pas laisser Zaza (qui doit aller travailler tôt le lendemain) tout faire.
Folle ambiance chez Zaza
Alors que la soirée avance, Anna "médite", ce qui veut dire qu’elle est bien eméchée (on aura donc réussi à saouler une russe!), Iraqli montre avec émotion une vidéo de son fils éloigné de lui qui a 6 ans le jour même, et étonne tout le monde en troquant le vin pour de grands mugs d’eau: "C’est la première fois que je vois un Géorgien boire de l’eau!" s’exclame Adèle.
La soirée se poursuit au delà d’1h du mat: les filles essaient de convaincre tant bien que mal ces messieurs, qui commencent tous le boulot tôt le lendemain, d’aller se coucher.
Un beau moment de partage et une belle soirée, même si la gueule de bois se fait déjà pressentir pour le lendemain...
25 octobre - de la Kazbegi à Ananuri
Le mardi 25 octobre, après 5 jours à explorer la Kazbegi, il est temps de retourner vers Tbilisi, avec comme prochain objectif l’Arménie !
Nous reprenons donc la route avec Adèle sur la Georgian Military Highway. Quand je vois les montagnes enneigées disparaître, j’ai déjà un petit instant de nostalgie.
Je reviendrais avec plaisir dans la région, il y a tellement à faire. Et si c’est le cas, alors je logerai définitivement chez Zaza !
Je suis en contact avec Jini, la sud-coréenne bien sympathique qui m’avait proposé de m’héberger au retour à la station de ski de Gudauri. Mais malheureusement, elle est finalement à Tbilisi ce jour-là, donc je ne la reverrai pas.
Adèle avait fait le trajet aller sous la pluie sans s’arrêter, et semble découvrir avec bonheur le paysage sous un aspect ensoleillé. Je revisite avec elle les deux monuments les plus iconiques de la route, le monument de l’amitié Russo-géorgienne et la forteresse d’Ananuri, qu’elle n’avait pas pris le temps d’admirer.
Elle me fait de son côté découvrir une petite gargote pour un déjeuner tardif à Pasanuri, qui est la sensée être LA ville des Khinkali. Je commande donc les classiques Khinkali à la viande, alors qu’Adèle, végétarienne, opte pour ceux à la pomme de terre. Mais ceux-ci ne tiennent pas toutes leurs promesses: bien que bien cuits et avec de la bonne viande, ils manquent des pincées d’épices qu’avait ajouté avec abondance David dans sa recette quand on les avait cuisinés ensemble, pour les rendre vraiment savoureux.
On plante notre tente, à côté de la forteresse d’Ananuri, le long du réservoir. Là, c’est le luxe, car il y a grand square pourvu de tables et éclairé par des lampadaires, pour prendre le thé de fin d’après-midi, puis pour cuisiner le dîner.
On est proche de la civilisation, ce qui veut dire chiens errants en abondance. Cinq d’entre eux nous suivent pour le repas, puis décide de crécher juste à côté de nos tentes pour la nuit. Et donc durant cette nuit-là, le fléau canin atteint son paroxysme: de nouveau un concerts d’aboiements et d’hurlements de la meute de chiens qui se battent entre eux. La cacophonie est particulièrement bruyante puisque les chiens sont juste à l’orée de nos tentes.
Ah, que serait la Géorgie sans les chiens ? Le paradis !
26 et 27 octobre - d’Ananuri à la capitale, en passant la parc national de Tbilisi
A partir d’Ananuri, il y a une route secondaire qui permet de rejoindre la capitale, en passant par la belle forêt du parc national de Tbilisi.
J’avais depuis le début l’idée de revenir par cet itinéraire, pour éviter les premiers 80km de grande route assez inintéressante que j’avais fait à l’aller, et je convainc Adèle de m’accompagner.
On a environ 110km pour atteindre la capitale, mais la route étant assez vallonnée, on a plus de 2000m de dénivelé positif: de nombreux côtes avant une grande descente vers la capitale. On coupe donc l’itinéraire en deux jours.
Et effectivement, dès la bifurcation, ça grimpe sur presque une vingtaine de kilomètres, jusqu’à la ville de Tianeti.
Adèle a bien la caisse mais porte au moins 10 kilos de plus que moi sur son vélo, donc on a pas la même allure en montée. Mais ça me va, j’y vais tranquillement, et je l’attends de temps en temps.
On s’entend bien toutes les deux. Qui se ressemble, s’assemble ! Adèle a seulement quelques années de moins que moi, est issue d’une école d’ingénieur, et est aussi une grimpeuse, donc ça nous fait des points communs.
On s’est pour l’instant dit qu’on continuait ensemble jusqu’à Tbilisi, mais on a toutes les 2 le projet d’aller après en Arménie, donc on discute itinéraires futurs. Sans vraiment se promettre qu’on fera le chemin ensemble, car on est toutes les 2 très indépendantes, mais il y a de fortes chances que ce soit le cas.
On discute de plein de choses, mais sur un aspect, on est assez différentes: Adèle est la fourmi, et je suis la cigale.
Je lui explique ma philosophie de faire attention au poids de mon vélo, pour mieux profiter des côtes (puisque j’adore les routes vallonées et montagneuses), et pas faire trop souffrir mes genoux et mon dos lors des montées raides. J’essaie toujours de n’avoir que la nourriture nécessaire sans surplus: en regardant attentivement, il y a moyen de savoir les points de ravitaillement en nourriture, et ce qu’il est nécessaire de transporter sur soi.
Adèle a tendance à plus accumuler de choses, et avoir des rations de survie de nourriture bien luxueuses.
Mais le soir, sur un spot de bivouac bucolique forestier près d’une vieille église datant du 10ème siècle, c’est la cigale qui profite du stock de la fourmi: Adèle me propose pâtes au pesto, puisqu’elle trimballe un gros pot de sauce pesto depuis un moment acheté... dans un Carrefour (et oui, l’enseigne française semble bien implantée dans les grandes villes géorgiennes).
La vieille église
Les journées de vélo sont bien agréables, dans un temps idéal: quoi de mieux que de pédaler sous un beau soleil, avec le spectacle des belles couleurs d’automne dans un paysage de forêts ?
En coupant 110km en deux jours, même avec le dénivelé conséquent, on est pas trop pressées: alors qu’en roulant seule, j’avais tendance à pédaler jusqu’à la nuit tombée en avalant un nombre conséquent de kilomètres en une journée, avec Adèle, je découvre le plaisir de s’arrêter sur le spot de bivouac dès 17h, et les papotages autour du thé de fin d’après-midi (à défaut de la bière qu’on a oublié d’acheter). Et aussi le plaisir de s’étirer la nuit dans mon duvet, sans sentir toutes ces courbatures douloureuses issues de trop longues journées sur la selle...
Le mercredi après-midi, alors qu’on repart de Tianeti, une chienne nous suit pendant qu’on pédale jusqu’à notre spot de bivouac. Et mince, toujours pas débarrassée de ces p****** de chiens !
Si ça ne tenait qu’à moi, je serai la plus inamicale possible avec l’animal, pour qu’elle nous fiche la paix. Mais Adèle l’aime bien, et la nourrit un peu.
L’animal, à qui je refuse de donner un nom, mais que j’appellerai Lassie chien bien trop fidèle, nous colle bien, mais heureusement est assez sage pendant la nuit.
Le spot de bivouac avec Lassie chien bien trop fidèle
Toujours sous un temps radieux et sur cette belle route vallonnée presque déserte de voitures, nous arrivons dans les faubourgs de Tbilisi le jeudi en début d’après-midi.
On se sépare dans la ville: Adèle a trouvé un hote couchsurfing, pendant que je loge chez Roman, le russe de Warm showers avec qui j’avais dîné quand j’étais déjà à Tbilisi. C’est parti pour 2 jours de pause dans la capitale, avant de prendre la direction de l’Arménie.
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