9, 10, 11 Novembre - du Tavush au lac Sevan
Le mercredi 9 Novembre, après deux jours sans vélo et une belle journée ensoleillée qui s’annonce, on repart revigorées et pleine d’énergie pour attaquer ce fameux itinéraire secondaire et cette longue montée. Celui devrait nous mener au fin fond du Tavush, proche de la frontière avec l’Azerbaijan, jusqu’au village de Navur via un col à 1800m, où une piste de terre nous ramène ensuite vers le Sud-Ouest.
Le petit itinéraire de montagne qu’on pensait prendre pour rejoindre le lac sevan
Mais celui-ci s’avérera un faux départ. C’est bien sûr moi qui ai poussé pour cet itinéraire un peu extrême, mais avec ma maladie des petites routes et des itinéraires de montagne, il s’avère que j’ai parfois les yeux plus gros que le ventre... ou plutôt que mon matériel !
La route est grimpante à souhait mais bien belle, et on l’apprécie bien jusqu’à ce qu’elle se transforme en piste de terre. Ou plutôt, sur le sol détrempé, en piste de boue, qui colle bien aux pneus. Les miens sont moins tout terrain que ceux d’Adèle, et je galère très rapidement: la boue obstrue complètement mes garde-boue, ce qui fait comme d’énormes freins, m’empêchant totalement d’avancer.
Je dois donc m’arrêter constamment pour les décrasser à l’aide de mon couteau Suisse, en espérant vainement que les portions de piste à venir seront plus sèches.
Je comprends au bout d’un moment que c’est peine perdue de vouloir progresser de cette manière, sur cette piste qui contient encore plus de 30km de montée. Adèle finit par venir à ma rencontre en faisant demi-tour, sentant qu’il y a un problème.
On dirait pas comme ça, mais c’est boueux et ça colle aux pneus!
Face à ma progression impossible, on renonce à l’itinéraire et décidons de faire demi-tour: je suis assez contrite d’être la personne à avoir poussé cette aventure et celle qui l’a fait échouer, mais je sens Adèle presque soulagée de se rabattre sur la route principale et sur un itinéraire moins risqué.
Au début de la piste de terre, les travailleurs qui nous offert le café à l’aller nous voient revenir, et semblent nous dire : “et voilà, on vous l’avait bien dit que vous vous aventuriez dans un itinéraire risqué...”. Le plus jeune, David parle un peu anglais, et s’émerveille de rencontrer pour la première fois des filles françaises, même s’il nous traite de “crazy” pour faire ces longs voyages à vélo.
Avec les travailleurs sur les chantiers de la route. Sont-ils petit à petit en train de la paver?
C’est donc retour à la case départ à Idjevan, où on s’arrête à la cafétéria pour un déjeuner tardif, avant de reprendre la route principale qui mène au lac Sevan. Mais on garde la bonne humeur, on a tenté, le début de la route était belle, et l’essentiel, c’est de pédaler sous cette belle journée ensoleillée, et d’enfin avoir de belles vues de Tavush, sous un ciel dégagé !
On quitte le Tavush sous un beau ciel enfin dégagé!
L’autre route est aussi très belle, et grimpe très progressivement en suivant le lit d’une rivière, propice aux bons spots de bivouac.
On pose la tente à l’orée de celle-ci, sur une grande étendue d’herbe près d’un dispensaire.
Durant la nuit, le bruit de la pluie contre la toile de tente se fait entendre. Le beau temps aura été de courte durée...
Le matin, face à la pluie, ce sera cuisine sur le pas de la tente et petit-dej au lit !
Dans notre infortune météorologique, on a quand même de la chance que le soleil pointe le bout de son nez juste quelques heures pour sécher nos tentes.
Puis la pluie repart de plus belle. On est à ce moment-là dans une sorte de gros village, vite cherchons un café pour se réchauffer un momt ! Mais une telle commodité n’est pas si facile à trouver dans les coins reculés d’Armenie... Finalement, on trouve refuge dans un petit market bien chauffé, où le proprio prend pitié de nous, trouve une cafetière, et nous fait un café, qu’il nous offre avec des friandises de ses rayons. Quand il apprend qu’on est française, il cite “Charles Aznavour”, comme beaucoup d’arméniens qu’on a croisé.
Après ce remontant, une bonne montée nous attend, pour atteindre les 1900m d’altitude du lac Sevan. Mais qu’est ce qu’on les aime ces montées quand on a froid ! L’effort permet tout de suite de se réchauffer.
On arrive aux abords du lac en fin de journée, dans la pluie et le vent.
Arrivées au bord du lac sous un temps encore bien maussade.
La mission de cette fin d’après-midi: trouver un abri avec toiture pour camper, histoire de moins se les cailler et notamment de bien se protéger du vent.
Et c’est chose faite avec un cabanon abandonné, où il y a juste l’espace d’y planter nos 2 tentes (la porte et les fenêtres béantes incitent à utiliser nos tentes en sus de l’isolation de la cabane), et même un vieux sofa et un semblant de table en guise de salon!
On bénit cet abri, mais face aux rudes conditions climatiques des derniers jours, on a déjà des rêves d’hôtel ou de guest-house avec une (vraie) douche chaude pour le lendemain soir !
Adèle a une sale toux, et pour ma part, j’ai constamment la goutte au nez et un mal de dos, du au vélo mais aussi au fait d’avoir le corps toujours crispé quand il lutte pour se réchauffer.
Le miraculeux cabanon abandonné en guise d’abri pour la nuit
Pendant la nuit, on sent encore que la météo fait des siennes... Mais ce que j’avais pris pour de la pluie était en fait de la neige! Et on sort une nouvelle fois de notre tanière sous un sol enneigé. Ce qui une nouvelle fois nous émerveille, malgré la froideur associée au paysage. Et on s’estime bien heureuse d’avoir trouvé une deuxième fois un abri providentiel au moment d’une autre tempête de neige.
Après la pluie, tu prendras bien une petite dose de neige?!
On repart à vélo sous la neige, enthousiasmées par l’ambiance, en se disant que dans 2 petites heures, on se réchauffera dans un café.
Ambiance neigeuse et hivernale au lac sevan
Mais notre enthousiasme est vite échaudé quand la neige se transforme en pluie glaçante et que la promesse du café vers midi échoue: le restaurant et le café du village qu’on atteint à ce moment-là sont tous les 2 fermés. Mais c’est férié le 11 novembre en Arménie aussi ou quoi?!
En regardant la carte, alors que les villages à venir sont encore plus petits, on comprend qu’on a sûrement les 48km à avaler jusqu’à la ville de Vardenis avant de trouver de quoi s’abriter et se réchauffer.
Et donc on pédale, pédale, sous le froid et la pluie continuelle. Merci les quelques montées et glagla les descentes. S’ensuit ensuite une route droite avec un long plat qui semble mener au loin vers la ville de Vardenis: mais ce paysage plat est si agaçant: quand on a l’impression d’être proche, ce n’est qu’une illusion: en fait il faut pédaler pendant encore des km sur cette interminable ligne droite. Mais quand est-ce qu’elle arrive cette p***** de ville?!
Celle-ci ne paie pas de mine: à l’entrée, l’école est un grand bâtiment soviétique déglingué, avec une grande photo d’un homme en tenue militaire (le président?).
Vite, trouver un restau pour nos estomacs affamés et être enfin au sec et au chaud ! Mais nouvelle déconfiture: quand on essaie d’aller à l’un des deux restau affiché sur Google Maps, la navigation nous conduit à un bâtiment abandonné.
On se réfugie finalement dans une sorte de boulangerie, qui ne sert même pas de boissons chaudes, et des sortes de feuilletés salés vraiment pas très bons.
Il nous reste encore 45km avant la guest-house de rêve qu’Adèle a repéré sur booking. Mais pourquoi s’infliger encore tant de pédalage sous une tel temps, alors qu’un hôtel se trouve juste à côté de nous?
Celui-ci est plutôt bon marché, désert de tout autre client, et son proprio sympa, même si un peu dragueur. Pas de chauffage central, mais on négocie un petit radiateur électrique d’appoint (notre premier chauffage depuis le poêle de Sargis et Tehmina le soir de notre arrivée en Arménie!), et l’accès à la cuisine.
Notre chambre devient vite un joyeux capharnaüm, car on sort quasiment toutes nos affaires humides pour les faire sécher.
Puis, on reprend notre routine de ces moments de conforts dans des lieux en durs: ça commence en général par se faire chauffer de longues rasades de thé, avec un goûter. Adèle adore se détendre en musique, alors elle sort souvent sa mini-enceinte, et on se passe à tour de rôle nos playlist Spotify.
Le matin, je lui propose en general de l’utiliser pour écouter le 7/9 de France Inter.
Et on vague à nos occupations respectives: pour Adèle, c’est souvent tri des photos et apprentissage du russe sur Duo Lingo, pendant que je lis The Economist et regarde Arte Journal sur ma tablette.
Le bel étalage des affaires d’Adèle à l’hôtel pour tout faire sécher
12 Novembre - arrivée sur la région du Vayots Dzor
Le lendemain, changement de d’ambiance et de décor, alors que le temps est au beau fixe: notre route parcoure encore un peu le lac Sevan, qui se dévoile sous son plus beau jour, avec ses eaux pristines et ses sommets enneigés en arrière-plan. Ce lac d’altitude, dont la grandeur lui donne parfois des aspects de mer, me rappelle un peu le lac Titicaca, parfois surnommé la mer de Bolivie (qui a perdu tout territoire côtier après sa guerre avec le Chili).
Le lac sevan sous une toute autre ambiance... enfin radieuse et ensoleillée !
À Martuni, la dernière ville aux abords du lac, on tombe sur le fast-food qu’on cherchait désespérément la veille à Vardenis. On s’arrête à l’origine pour une pause café, mais les proprios sont sympas et on finit par dévaliser la boutique en guise de déjeuner: beignet salé fourré à la pomme de terre, parts de pizza, beignets sucrés en dessert. Bref, Que du gras et du sucré en guise d’énergie pour les coups de pédales à venir !
Après cette bonne pause, c’est reparti pour une séance de grimpette: on atteint des hauts-plateaux semi-désertiques: le saupoudrage de neige les rend particulièrement magnifique.
Un temps radieux, de beaux paysages, que demander de plus ?
Les hauts plateaux enneigés, un de mes décors préférés
On pédale avec entrain, même si c’est le jour où on se fait un peu embêter par des mecs collants: d’abord de jeunes arméniens, qui veulent prendre plein de selfies en nous enlaçant bien trop, puis des hommes russes, qui sortent de leur voiture pour nous offrir de la bière, et insistent très lourdement pour nous ramener vers Martuni pour nous faire boire davantage.
Un Russe qui veut nous faire boire !
Pas loin du col de Selim (situé à plus de 2400m, record d’altitude en vélo dépassé!), on a repéré sur la carte un vieux caravanserail: peut-être un bon spot pour dormir ?
En y arrivant, on réalise que oui: celui-ci est très bien préservé, et on peut effectivement planter nos tentes à l’intérieur, sur un sol - presque - plat (tant que le matelas est entre deux grandes dalles de pierre, ça devrait aller!)
Ce bel abri de pierre devrait nous isoler un peu plus du froid, pas si mal, vu l’altitude, 2410m.
Et de la terrasse du caravanserail, quelle vue! On sirote du thé au moment des dernières lueurs de soleil, devant un panorama de la vallée de Vayots Dor, notre prochaine destination.
Et on s’émerveille de ce spot de bivouac, qui nous fait revivre l’expérience de la route de la Soie, lorsque les caravansérails accueillaient les voyageurs de passage.
Après le spectacle du coucher de soleil, on rentre vite cuisiner à l’intérieur, car on se les caille.
Le Caravansérail de selim, son panorama et un beau coucher de soleil, en prime
Et on se lance dans cette routine de bivouac dans le froid et les jours de plus en plus court: d’abord se réchauffer par un thé, puis vite s’activer autour du campement pour pas attraper froid, et dès 19h, cuisiner et manger rapidement, avant de se mettre au fond de ce duvet si chaud... Avec en sus pour moi, mes chaussettes de nuit les plus chaudes, et la compagnie de ma liseuse, qui devient ma meilleure amie, jusqu’à ce que je me retrouve à toujours lire la même ligne, et que mes yeux se ferment tout seuls...
On pose notre campement à l’intérieur du caravanserail
13, 14, 15 Novembre - exploration du Vayots Dzor
Le lendemain, le dimanche 13 Novembre, le réveil prend la forme de visiteurs du caravanserail qui débarquent à à peine 7h du mat dans le monument. On est étonnées d’une visite si matinale, mais sûrement moins que les visiteurs en question, quand ils découvrent que 2 cyclistes ont élu domicile à l’intérieur avec leur vélos !
Après un petit dej avec vue toujours sur ce beau panorama du début de la région de Vayots dzor, on entame la belle descente vers la vallée en elle-meme. Et on a décidé de prendre le temps d’explorer la région: au programme du jour, la découverte en mode rando de la vallée de Yeghegis, qui vaut apparamment le détour.
Au réveil et pour le petit-dej, une vue superbe!
Et aussi une belle descente!
Premier objectif du jour: trouver où déposer nos vélos, avant de partir randonner. On repère un market, avec une maison attenante, avec une belle arrière-cour, où l’on demande à déposer nos montures. Où là encore, on est agréablement surprises par la gentillesse des arméniens, puisque la maîtresse de maison, Angèle, se met en quatre pour nous préparer une collation avant de nous laisser partir.
On pose nos vélos, et hop on est invitées pour une petite collation!
Le stop pour atteindre le point de départ de la rando est encore super facile, et encore avec des arméniens si gentils. La rando nous amène entre une forteresse et un monastère (les monastères sont définitivement la thématique de nos randos en Arménie), avec de super points de vue, sous un soleil radieux.
La vallée de Yeghegis, entre montagnes, forteresse et monastère
Au retour, Angèle veut encore nous préparer à manger, et quand on lui dit qu’on peut pas rester car on doit planter notre tente avant la nuit tombée, elle nous invite à planter celles-ci dans son arrière-cour.
Dans la maisonnée, toute la famille élargie y vit, avec 4 générations. Angèle, son mari, ses quatre enfants (dont la fille Sasush qui sympathise avec nous en parlant les quelques mots d’anglais qu’elle est en train d’apprendre), les parents d’Angèle, et ses petits enfants.
Pour la soirée, on peut s’installer dans la dépendance où crèchent les deux anciens qui restent en général alités, mais qui sont bien choyés par Angèle.
En plus des bons fruits du jardin, on se fait offrir le lait chaud de la ferme, du miel délicieux, des belles noix, du lavash, et pour moi de la viande de mouton.
On élit demeure chez la gentille Angèle
Une journée presque parfaite, entre le réveil au caravanserail, la belle descente à vélo, la jolie rando et l’accueil royal par cette gentille famille Arménienne. Jusqu’au repas du soir...
Quelque chose dans mon dîner passe bien mal: soit le bouillon infect que je me suis forcée à avaler (que j’avais pris pour une soupe en l’achetant au supermarché), soit la viande de mouton ou le lait sorti directement du pis de la vache? Et me voilà dans ma tente prise de bonnes brûlures d’estomac...
Je me rapatrie sur un petit lit proposé par nos hôtes, qui a le mérite d’être proche des toilettes. La partie attenante à la maison avec les chambres des deux anciens allités et moi et pon estomac en vrac prend donc des allures d’aile d’hôpital!
Au final une bonne intoxication alimentaire, un petit fléauqui finit toujours par nous tomber dessus quand on voyage de manière non conventionnelle sur le long cours !
Le lendemain, après une nuit plutôt insomniaque et l’inconfort de mon intoxication alimentaire, on opte pour une journée pépère.
On profite de la gentillesse et de l’hospitalité d’Angele qui nous offre encore des tonnes de fruits et le café pour le petit-dej, avant de se mettre en route tranquillement pour faire la vingtaine de kilomètres qui nous séparent du fameux monastère de Novarank et de son superbe canyon, où l’on a prévu de bivouaquer.
Au revoir Angèle, et merci de nous avoir si bien accueillies!
On s’offre au passage un restau, avant d’attaquer la route grimpante qui mène au monument.
Au restau, le saps, la fameuse soupe caucasienne: de quoi faire du bien à mon estomac torturé ?
On arrive en milieu d’après midi, alors que celui-ci est encore baigné d’une belle lumière et d’un beau soleil. On laisse tranquillement défiler les derniers touristes avant de visiter en détail les différents bâtiments du monastère.
A côté du monastère, un restaurant, qui est désert en cette période “off-season”, mais à côté trois dames qui préparent des tonnes de lavash. Et qui nous en offre un tout chaud au passage. Le mystère de la confection de ce pain est maintenant résolu !
La confection du lavash
Juste avant la nuit tombée, on demande au gardien si on peut bien planter nos tentes à côté du monastère: pas de problème. Le moine s’inquiète qu’on ait froid, et finit par nous donner encore du lavash et un peu de fromage avant de rentrer chez lui.
Le lendemain, on repart pour une petite balade dans la belle vallée entourant le monastère, réputée pour sa faune et sa flore: elle héberge le bezoar, le bouquetin local (dont j’aperçois un troupeau qui renifle la table de petit-dej au moment où je me lève), des espèces d’oiseaux rares, et parait-il la fameuse panthère du Caucase.
Ambiance nevadienne aux alentours du monastère
Mais c’est un autre spécimen qu’on croise lors de notre ballade: le militaire Arménien. La hameau marqué sur la carte qu’on rejoint est en fait une base militaire. Quand on s’approche, un militaire, la carabine à l’épaule, nous dit de venir. Tout de suite, il demande nos téléphones pour inspecter nos photos et s’assurer qu’on a pas photographié la base.
Quand il comprend qu’on est d’innocentes touristes, il se détend et nous invite pour boire le café.
On discute un peu, en traduisant sur Google Translate du russe à l’anglais. Naïvement, on mentionne les pays qu’on a visité et dans lesquels on a va retourner, dont la Turquie. Tout de suite, le militaire se crispe, et nous pose des questions inquisitrices, en nous disant qu’il y a des gens qui vendent des données sur l’Arménie à la Turquie et à l’Azerbaidjan. Quand on lui fait comprendre qu’on est bien de simples touristes et que l’Armenie et la France sont de bons amis, il redevient très sympa.
Drôle de rencontre tout de même !
Après la petite balade, on redescend dans le beau canyon de Novarank, direction Areni, LA ville des vins et vignobles d’Armenie.
Trop beau ce canyon de Novarank. Obligées de s’arreter pour une petite séance photo!
Il ne fallait donc pas y passer sans goûter un peu de vin: lors de notre pays pique nique, une propriétaire d’un de ces petits stands de bord de route qui vend du vin artisanal, nous en offre un petit verre: il est rouge, âpre et un peu pétillant, mais ma foi pas si mauvais.
Un pique-nique avec vue vers areni. Le vin artisanal arrive!
L’après-midi, pas le choix que de faire des kilomètres sur la grande route qui va en direction de Yerevan. Et qui grimpe, grimpe ! La circulation est dense, les voitures bien bruyantes et la conduite des arméniens parfois bien dangereuse: ils doublent à l’arrache et respectent peu les distances de sécurité avec nos vélos.
Pas moche la route de l’après-midi, mais bien trop fréquentée
Mentalement et physiquement fatiguées par cette route stressante et grimpante, on aimerait bien qu’une sympathique guest-house surgisse soudain devant nous, mais c’est bien désertique sur ce plateau situé à plus de 1600m qu’on a atteint. Alors, on se rabat sur un bivouac dans un spot appelé hell’s canyon. Des villageoises nous pointe une petite église où on pourrait camper. Celle-ci est minuscule, mais peut quand même accueillir nos deux couvertures de survie, matelas et duvets. Alors, on profite de ce petit abri de fortune, qui a le mérite de mieux nous isoler du froid que nos tentes, et de nous faire passer la soirée à l’abri du vent.
On continue la série de bivouacs dans des endroits originaux: ici, dans la mini église de hell’s canyon
16,17,18 Novembre - Garni et Ghegard, les trésors architecturaux des alentours de la capitale
Le lendemain, une journée de vélo assez mitigée nous attend. D’abord, Adèle crève. Mais ce petit pépin de matériel n’est pas bien grave, le plus inquiétant est sa vive douleur au genou: aïe, serait-ce une tendinite ?
Alors on pédale tranquillement: heureusement après la grosse montée de la veille, une belle descente nous attend, sur une route secondaire cette fois. On est pas si loin du Mont Ararat, et l’aperçoit au loin, mais malheureusement, le ciel est trop voilé pour en avoir une belle vue.
On rejoint ensuite une plus grande route, qui passe par ce qui ressemble déjà aux faubourgs de Yerevan. Zut, encore cette foutue circulation !
Vite, il faut quitter celle-ci avant la tombée de la nuit, et bifurquer vers l’itinéraire qui mène à Garni et Ghegard, les deux monastères qu’on a prévu de visiter avant de rejoindre la capitale.
Mais même sur cette route plus campagnarde, pas si facile de trouver un bon spot de bivouac parmi les champs de vigne. Alors qu’on s’arrête récupérer de l’eau à une fontaine d’un village, un homme nous accoste en nous disant de le suivre, en prononçant cette fois le mot “café”.
Je le suis, mais tout en essayant de lui expliquer tout de suite qu’on peut pas s’attarder car on doit planter nos tentes avant la nuit. La conversation est encore malaisée, mais il finit par me montrer une chambre avec un grand lit: et donc voila, on est encore invités sous le toit d’une gentille famille arménienne !
Nos hôtes du soir sont Garnik et sa femme Ludmilla.
Comme les autres fois, on est super bien traités, d’abord une collation autour d’un café, puis un festin pour le repas du soir.
Et cerise sur le gâteau, on a le droit à une douche bien chaude dans une superbe salle de bain. Comme d’habitude, même si la conversation est très limitée et qu’on sent la frustration de ne pas pouvoir plus discuter avec nous, nos hôtes se mettent en quatre pour nous.
Attablées avec Ludmilla, autour d’un dîner encore bien copieux et savoureux!
Comme chez nos premiers hôtes arméniens Sargis et Tehmina, le système patriarcal est poussé à son extrême. Dans la maisonnée, c’est l’homme qui décide, et la femme qui exécute. Donc Garnik nous a invité, mais Ludmilla prépare le café, le repas, fait la vaisselle, prépare notre lit.
Le lendemain, elle est réveillée de bonne heure, prépare le café pour son fils et nous, puis part travailler (elle est prof).
En partant, elle va réveiller Garnik, qui émerge avec une grosse gueule de bois, après avoir passé la soirée à boire des verres de vodka avec ses potes.
Pendant qu’il nous dit de nous servir pour le petit-dej, il guérit le mal par le mal en se servant d’autres verres de vodka. Et il précise bien qu’on laisse tout sur la table, Ludmilla se charger de ranger et faire la vaisselle en rangeant.
Mais que serait le monde sans les femmes?!
Les deux prochains jours, les 17 et 18 Novembre, avant d’arriver à la capitale,
on explore la région d’Azat, qui abrite encore des monuments historiques d’envergure, dans les villes de Garni et Ghegard. Celles-ci sont perchées entre 1400 et 1700m d’altitude, au fond d’une vallée qui passe encore par un canyon de tout beauté, avec des paysages surprenants, d’abord semi-arides puis plus verdoyants, déchiquetés et bordés d’étonnantes falaises.
Quelle variété de paysages on aura eu l’occasion d’apprécier dans notre tour à vélo d’Arménie: malgré sa petitesse, le pays est d’une diversité étonnante !
À Garni, on visite un temple qui date de la Rome antique: changement complet d’architecture par rapport aux monastères précédents, je me retrouve presque replongée dans mon voyage en Sicile avec le latin où on passait de temples romains en temples romains.
Le temple de Garni, et la beauté du panorama alentour
Mais ce qui vaut le plus le coup d’œil à l’orée de la ville, ce sont “les symphonies de pierre”, d’étranges falaises de basaltes, qui ressemble à une immense orgue. En tant que grimpeuses, on tâte - curieuses - le rocher, même si des panneaux indiquent qu’il est interdit de grimper, et qu’il faut faire attention aux chutes de pierre.
Les symphonies de pierre
Après une nuit bien reposante dans une belle guest-house rien que pour nous (à mesure qu’on s’approche de la capitale, les habitations se font plus riches et modernes), on enchaine le lendemain avec la visite du monastère de Ghegard, situé au fond du canyon, à 10km de Garni et 300m plus haut.
Encore un énième monastère, on va finir par se lasser...
Mais non, Ghegard vaut vraiment le coup d’œil, avec ses salles souterraines bien préservées remplies de sculptures de pierre magnifiquement ornementées !
Le monastère de Ghegard
Et finalement, le 18 Novembre après-midi, après tout ce tour en Armenie qui nous aura amené dans des régions bien reculées, on atteint enfin la capitale, Yerevan, chacune par des moyens différents.
Adèle, qui a donc bien mal au genou dès qu’elle pédale depuis 2 jours, se ménage en faisant du stop, pendant que j’enfourche comme d’habitude ma monture à deux roues.
Maintenant, il est temps pour 3 jours de pause dans la capitale, avec comme souvent au programme un mixte de repos/farniente, tourisme, et préparation logistique pour la suite (ce sera notamment achat de quelques vêtements en plus pour le froid à venir, qui ne va faire que s’empirer!)
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