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Photo du rédacteurAlice Martin

De Batumi à Tbilisi, par la région de Racha: le Caucase géorgien enneigé, entre 2 averses

Dernière mise à jour : 22 déc. 2022

3 & 4 octobre - repos à Hopa


Les 3 et 4 octobre, je fais deux jours de pause à Hopa. Mes jambes courbaturées ont en bien besoin !

Je suis accueillie à bras ouverts par mon hôte Tuncay, qui en dehors de ses heures de boulot d’éducateur spécialisé, se met en quatre pour moi.

J’ai la chambre de sa sœur pour moi, alors que sa sœur prend le lit de son frère et que lui-même dort dans le salon. Il est d’origine kurde, et l’hospitalité c’est sacré dans sa culture !


Le lundi, il m’emmène faire un tour dans la campagne environnante, pour voir ponts historiques de pierre, cascades et plantations de thé.

Ici, tout est vert et luxuriant, on se croirait presque dans la jungle. Le long de la Mer Noire, il y a en fait une saison des pluies, qui dure de Septembre à Mars.

Et la météo ne rigole pas pendant cette saison: il a plu effectivement des cordes pendant la nuit, jusqu'au débutd’après -midi, avec en début de matinée de fortes bourrasques de vents et des mini grêlons.


Des plantations de thé partout, le mystère du cay est résolu !


Le lendemain, je suis invitée à déjeuner par un autre hôte warm showers, Mustafa, qui travaille à la douane au poste-frontière de Sarpi. L’occasion de lui demander quelques conseils et informations pour passer la frontière: avec mon vélo, je peux normalement doubler toutes les voitures, et ça devrait aller vite. Mustafa a eu l’habitude d’accueillir beaucoup de cyclo-touristes: à chaque fois qu’il rencontrait un cycliste à la frontière, il l’invitait. Mais maintenant qu’il est marié et à un enfant en bas âge, c’est plus compliqué.

Il me dit que les récents migrants russes sont plutôt bien accueillis en Turquie, ajoutant un commentaire amer: tout le monde est bien accueilli en Turquie et a plus de pouvoir d’achat que les Turcs à cause de la lire turque qui ne vaut rien.

Tous les turcs à qui j’ai parlé politique détestent Erdogan, disant tous qu’il les a ruinés. Les hôtes warm showers vont souvent partis de la tranche aisée de la population Turque, mais voyagent peu à l’étranger en ce moment à cause du taux de change de leur monnaie.


Je quitte Mustafa avec en plus le contact de ses amis qui habitent à Batumi et qui peuvent éventuellement me loger le mercredi soir: ce sera sûrement sans refus, vue la météo pluvieuse annoncée...


Le soir, Tuncay me propose d’aller jouer au volley avec lui et son équipe d’amis. J’accepte la proposition, même si après le foot, le volley est ma deuxième hantise: je suis complètement nulle à ce sport collectif, et je me rappelle avec effroi quand on m’obligeait à y jouer au lycée pendant les cours de sport. Décidément, les turcs et moi, on aime vraiment pas les mêmes sports !


Au gymnase, changement de décor: je découvre une jeunesse dévergondée avec une complète égalité des sexes: les filles de l’équipe, qui doivent être toutes dans leur vingtaine, portent le pantalon de sport moulant, parfois le haut qui montre le nombril, du maquillage à gogo, et fument autant que les mecs. Elles sont presque les reines du terrain, décident qui doit servir et engueulent les mecs quand ils jouent mal. Ça fait plaisir à voir !


 

5 octobre - arrivée en Géorgie


Le lendemain, j’avais prévu de partir assez tôt, compte tenu du fait que le passage de la frontière prend du temps. Mais il semble que la Turquie ne veuille pas me laisser partir, car dès 8h30 commence une bonne grosse averse. Ah cette saison des pluies !

J’ajourne mon départ: c’est l’occasion de lire un autre article de recherche en machine learning, j’essaie de garder pied avec le boulot comme je peux...


Je pars finalement vers 10h30, quand l’averse s’est transformée en fine bruine.

La vingtaine de km qui sépare Hopa du poste frontière à Sarpi n’a rien de palpitant: je longe la mer Noire en allant de tunnels en tunnels en compagnie de pas mal de camions.


Au poste-frontière, je peux effectivement doubler toute la file e voitures, donc les contrôles de passeport du côte turc et géorgien vont tous les 2 vite. La douanière géorgienne me lance même quelques phrases de Français.


Arrivée au poste frontière



Alors que j’entre en Géorgie, de bonnes vraies averses sont de retour, et je suis donc accueillie par des trombes d’eau.

Heureusement, Batumi n’est qu’à une vingtaine de km, et ils sont vite parcourus sur la route complètement plate.

Sur la route, à Giono, il y a un site archéologique qui vaut le détour: mais le mauvais temps me dissuade d’y aller faire un tour.

Je croise un couple de cyclo-touristes qui roule dans l’autre sens, nous nous faisons coucou de loin, mais pas plus, pas envie de m’arrêter sous l’averse.


Une fois arrivée à Batumi, vite au chaud dans un restau !


De là, je contacte Natia, le contact à Batumi que m’a donné Mustafa.

Natia tient un hôtel en plein centre, me donne l’adresse et me dit que je suis son invitée dans l’hôtel pour la nuit.

J’arrive à l’hôtel, Natia n’est pas là, la réceptionniste ne parle pas un mot d’anglais mais je réussis à lui faire comprendre que je connais Natia. Elle me donne une belle chambre, où je peux faire sécher mes affaires bien trempées !


Natia revient 19h30, nous discutons et elle me prépare ensuite un bon dîner, avec notamment du très bon fromage géorgien et une bonne soupe pour me réchauffer !



 

6 octobre - de Batumi aux sources chaudes de Gakhomela


Le lendemain, je suis encore régalée par un petit dej bien copieux par Natia.

Mais au moment de reprendre mon vélo, petite déconvenue: je m’aperçois que sur mon guidon, il n’y a plus ni mon compteur, ni ma lampe !

Quelqu’un me les a volés, quand je l’ai laissé mon vélo au rez-de-chaussée de l’immeuble, avant que Natia me dise de le monter à l’étage de l’hôtel, par prudence.

Tant pis, je sais que maintenant en Géorgie, il faut faire plus attention à mes affaires.


Le temps est plus clément, juste un petit crachin, et je visite rapidement le centre-ville de Batumi en vélo, l’Europe square et son architecture, et le Batumi Boulevard, sa statue d’octopus et son jardin japonais.


Batumi


Puis, je me dirige vers le Nord, pour atteindre en quelques jours une partie du Caucase qui s’appelle la région de Racha. Dès que je peux, je quitte la route principale, et m’élève sur les hauteurs de Batumi, en longeant le jardin botanique.


Ambiance vers le jardin botanique. Ce genre de maisons à l’abandon me suivront pendant tout mon trajet en Géorgie


Bientôt, je croise un autre cycliste qui pédale dans l’autre sens. Il est russe, s’appelle Dmitri et pédale depuis la Russie jusqu’en Turquie.

Il parle mal anglais, donc je n’ai pas l’occasion de lui demander si son voyage à vélo est un choix ou une fuite... Il me dit qu’il y a deux cyclistes juste 5 minutes devant moi.


Avec Dmitri


Alors que je quitte Dmitri, il commence à pleuvoir des cordes... Et zut, c’est vraiment pas agréable, mais il faut bien continuer... Et abrités devant un abri de bus, je retrouve les 2 cyclistes qui étaient devant moi. Il s’agit d’un couple de jeunes allemands, Pia et Baldur, qui sont sur un voyage au long cours, de l’Allemagne jusqu’au Japon.


Nous reprenons la route ensemble, et nous abritons vite de la pluie, dans un restaurant. Nous en profitons pour faire connaissance, ils sont très sympas. Et je mange avec émotion mon premier kachapuri, ces pains chauds fourrés au fromage, que j’avais découvert lors de mon voyage en ski de rando en Svanétie. Celui que je mange est énorme, et de luxe car dans la région d'Adjara, les kachapuri adjariens sont surmontés d’un œuf.


Le kachapuri adjarien


Pia et Baldur n’ont pas prévu de faire le même itinéraire que moi, ils vont en Svanétie; c’est bien sûr la région touristique classique du Caucase, mais comme je l’ai déjà visité en ski de rando, j’ai choisi de ne pas y aller, et de me concentrer sur la région de Racha, supposée aussi très belle et méconnue des touristes étrangers.


La route que je suis sensée prendre bifurque tout de suite avec la leur; mais je décide de continuer un bout avec eux, par un itinéraire secondaire.


Il est déjà plus de 15h quand on sort du restaurant; la pluie s’est arrêtée, et les allemands aimeraient aller jusqu'à un spot de bivouac trouvé sur iOverLander, où il y a des sources d’eau chaude, qui est encore bien loin.


On longe la route principale le long de la Mer Noire, jusqu'à Poti, puis on bifurque à l’intérieur des terres sur de plus petites routes.

On passe à un moment par un raccourci, consistant en une route toute boueuse et inondée: on patauge dans la gadoue.

La légende des routes géorgiennes bien mauvaises est donc bien réelle...



A 18h30, il nous reste encore 35km pour atteindre les sources chaudes, mais on décide de pousser quand même jusqu'au spot, la perspective de camper autrement dans des terres détrempées et boueuses nous incitant à continuer à pédaler dans la nuit...


Pia et Baldur pédalent bien vite et sont très efficaces, j’ai les jambes en feu à vouloir suivre leur allure... Mais allez, il faut continuer, faire ces 35km en environ 2h...

La route est plutôt plate, jusqu'aux derniers 4km qui grimpent, alors que mes jambes n’en peuvent plus. Mais heureusement, l’allure des allemands en montée est plus tranquille, et j’arrive quand même à les suivre, en priant pour qu’on soit bientôt arrivés !


On arrive finalement à la rivière et aux sources chaudes dans la nuit, avec au compteur 125km de vélo depuis Batumi.


On installe nos campements à côté des sources, alors que la police et de nombreux chiens rôdent autour...

Pia et Baldur s’en font profiter de l’eau chaude après dîner en allant se tremper dans des vasques. Bien trop fatiguée pour les rejoindre, je profiterai de l’eau chaude plutôt le lendemain matin...


 

7 octobre - de Gakhomela à Mekvena


Le lendemain, mon réveil commence par une trempette dans les vasques d’eau chaude. L’eau est plutôt brûlante, je n’y reste pas des heures, mais ça fait quand même vraiment du bien !


Au petit-déjeuner, les chiens rôdent autour, s’approchent très près. On est obligés de les éloigner à coups de pierre et de jets d’eau. La légende des chiens plus agressifs en Géorgie est aussi bien réelle: ceux-ci sont partout et ont tendance aussi à aboyer vigoureusement sur notre passage...


Les sources chaudes


Je dis ensuite au revoir à Pia et Baldur, puisque nos routes se séparent dès les sources chaudes: je dois en effet revenir 4km en arrière, pour prendre une route qui va vers l’Est.


Celle-ci me fait revenir vers les ruines d’un château, mais que je n’ai pas l’occasion de visiter car un garde à l’entrée me dit de faire demi-tour.

Mon itinéraire me fait plonger dans la campagne géorgienne: les cochons et les vaches circulent librement sur la route, les paysans ramènent l’herbe sèche et le foin à dos de cheval.

Et il y a ces maisons campagnardes si caractéristiques, dont certaines sont abandonnées: les balustrades et les ornements extérieurs ont un aspect luxueux, mais elles sont toutes déglinguées. L’architecture géorgienne me fascine !



La campagne géorgienne


Mon itinéraire me fait ensuite passer par les faubourgs de Kutaisi: à l’entrée, ceux-ci sont bien pauvres, alors qu’à la sortie, sur les hauteurs, il y a de belles maisons.

La route que je suis après Kutaisi est plus vallonnée est assez sauvage, je longe la rivière Rioni.


Je découvre que la Géorgie est sous certain aspect bien moins fastueuse que la Turquie voisine: peu de reception sur ma carte sim locale, la seule station d’essence que je croise est miteuse et son mini-market est très peu fourni, il possède d’énormes congélateur, mais tous vides: l’approvisionnement doit pas se faire tous les jours...

Je passe de villages en villages (ou plutôt de hameaux en hameaux), mais aucun n’a de markets, comme ça aurait été le cas en Turquie.

D’ailleurs, je croise un peu plus loin un trio de cyclo-voyageur sur un voyage de plus petite distance autour du Caucase, qui, à court de vivres, me demandent s’il y a un supermarché qui arrive... Euh...

Ils me préviennent aussi que la route un peu plus loin va devenir non bitumée et un peu cabossée pour un bon moment.



Et effectivement, une dizaine de km plus loin, plus de route asphaltée mais une route de terre plus sportive à pédaler que celles que j’ai pu rencontrer en Turquie: il faut éviter les nids de poule, et souvent zigzaguer pour trouver la langue de terre la plus facilement pédalable.

La route est légèrement montante, il faut bien un moment passer du niveau de la mer et une altitude de montagne, mais j’avance quand même un maximum, et plante ma tente juste à la tombée de la nuit, à 19h, au détour d’un pont qui me fait traverser la rivière et me fait accéder à de beaux gazons à l’abri des regards.

Les chiens aboient au loin, mais il va falloir faire avec, ils seront je pense toujours à mes côtés en Géorgie.


 

8 octobre - de Mekvena à Utsera


Le lendemain, mes ennemis sont d’abord les fourmis, qui ont envahi ma sacoche de nourriture, puis les chiens qui viennent m’aboyer dessus, et enfin le troupeau de vaches qui passe pas loin de mes affaires en manquant de tout piétiner.


Je continue à pédaler sur cette piste non bitumée, bien agaçante. La carte m’indique bientôt une cascade avec un petit lac, mais l’endroit est un peu décevant.



Puis tout d’un coup, sans prévenir, la route passe de cette piste pourrie à une belle route asphaltée.


Celle-ci suit une série de villages entourés de vignobles, avec des domaines viticoles et de la pub pour des dégustations de vin partout. Mais ce sera pour une fois pour moi, je vais pas commencer à boire de bon matin et puis j’ai des kilomètres à faire tant qu’il fait beau !

Les locaux me donnent quand même de belles grappes de raisin.


Entre vignes et églises


Dans l’un deux, alors que je fais une petite pause devant ce qui ressemble à une école, trois gamins m’interpellent. Il y a une jeune fille, qui doit avoir une douzaine d’années et deux garçons, plus jeunes. Ils me regardent avec curiosité, et essaient de rassembler tout leur vocabulaire d’anglais pour me parler. Les deux plus jeunes garçons parlent à la fille, qui essaie de traduire en anglais. C’est donc "How are you?" puis "What is your name?".

Enfin, ils me demandent si je peux jouer au foot avec eux. Il est déjà bien plus de midi, j’ai l’estomac sur les talons et hâte d’arriver à Ambrolauri pour trouver de quoi manger, mais je leur dit ok, ça a l’air de leur faire tellement plaisir.


On fait filles contre garçons et je joue une vingtaine de minutes avec eux. La fille est une bonne joueuse, et l’équipe féminine gagne largement!


Mes compagnons de foot



Les enfants veulent pas me voir partir, l’un deux essaie de me poursuivre avec son vélo, mais j’ai de la route à faire...


A plus de 14h, j’arrive à Ambrolauri, et j’active mon radar à kapachuri: hum, cette délicieuse odeur de pâte qui cuit et de fromage grillé...


Après une bonne pause déjeuner, je continue jusqu'à Oni, la dernière ville où je peux vraiment me ravitailler avant mon séjour dans le Caucase, qui risque de durer un moment, car le mauvais temps est annoncé pour 3 jours à partir de demain.


Il est déjà plus de 18h quand je quitte Oni, et il me risque 1h pour trouver un spot de bivouac avant la tombée de la nuit.

La route est plutôt montante, mais j’ai envie d’avancer, donc je me mets énergiquement en danseuse. Dans ma précipitation de vouloir faire le plus de kilomètres possibles avant l’arrivée du mauvais temps, je finis par planter ma tente, après la tombée de la nuit, mais pour une fois dans un spot où la gente canine est peu présente !


Le caucase au loin

 

9 octobre - arrivée au fin fond de la vallée de Racha sous la pluie


Le lendemain, j’ai une journée ambitieuse devant moi, avant l’arrivée du mauvais temps et de la pluie, prévue d’après la météo vers 15h.


La vallée du Caucase où je suis se termine en cul de sac par une route avec 2 branches, chacune avec quelques petits hameaux situés vers 1500m d’altitude, qui sont des points de départ de randonnées. D’après ma carte, ces hameaux n’ont pas de quoi se ravitailler, mais des hotels/guest-house, qui devraient me permettre d’attendre le passage du mauvais temps à l’abri et au chaud.


Les 2 branches du fond de la vallée sur la carte



Mon plan de la journée est d’abord de me rendre au village Choria à 17km d’où j’ai planté ma tente, sur l’une des 2 branches, puis d’effectuer avec mon vélo une rando qui gagne plus de 1000m en altitude sur les hauteurs (avec une piste tout du long donc faisable à velo, en mode VTT), avant d’aller au village de Shovi, à 14km de là, sur l’autre branche. C’est là où il y a vraiment des guest-house, et c’est aussi le point de départ d’un trek de 2 jours que j’ai repéré.


Arrivée à Choria, il y a en fait un hôtel: cool, peut être l’occasion d’y rester pour la nuit, et de laisser tout mes bagages pour faire cette boucle de VTT au dessus?

Mais je déchante quand l’hôtelière m’annonce le prix pour la nuit: 150 lari, soit plus de 50 euros !

Je passe mon tour, et renonce à faire la boucle de VTT; pas faisable avec le poids de tout mon barda.


Choria


Je repars donc de Choria en direction de Shovi, pile quand la pluie commence à arriver... Il n’est que 10h du matin, le mauvais temps arrive plus vite que prévu...


Les 2 villages ne sont pas éloignés en nombre de km, mais il faut d’abord redescendre jusqu'à la bifurcation, puis remonter sur l’autre branche.

J’arrive à Giola, au hameau juste avant Shovi trempée, et me pose à un arrêt de bus, où je suis accueillie par 2 backpackers, qui essaient aussi de rester à l’abri de la pluie.

Il y a un canadien, qui fait du stop depuis la Turquie, et une géorgienne qui explore plus localement cette partie du Caucase. On discute un peu avant qu’il ne reparte en auto-stop pour les environs de Choria.


Il y a pas mal de panneaux pour des guest-house aux alentours, et le canadien m’a dit que leur nuitée dans l’une d’elles leur a coûté seulement 25 lira, mais avec un confort très spartiate. Ça, c’est dans mon budget !

Je vais toquer à la guest-house la plus proche, alors que la pluie tombe encore à grosses gouttes.

Je négocie ma chambre pour 25 lira: c’est un dortoir mais j’y serai seule sans nulle doute, et j’ai même la guest-house (l’étage de la grande maison) pour moi toute seule.

Seul hic: pas de wifi et je n’ai pas de réseau sur mon téléphone. Alors que j’avais dit à mon entourage que je pourrai donner des nouvelles à partir de dimanche soir, me voilà bien coupée du reste du monde, alors que la pluie tombe à grosses gouttes...


 

10 & 11 octobre - repos forcé à Shovi en attendant le beau temps


Du dimanche après-midi au mardi, c’est donc repos forcé, en attendant le passage du mauvais temps.


Me voilà donc coupée du monde, dans une vraie retraite.

Bien qu’au début un peu impatiente, je me complais vite dans ma situation. Pendant que d’autres doivent entamer une semaine de boulot, j’ai le loisir de faire ce que je veux. Et après tout, que me faut-il de plus que quelques bons livres et de bonnes couvertures pour me tenir chaud ?


Ma retraite se passe donc sereinement entre lecture (je dévore la biographie de Patti Smith "Just kids" puis je commence enfin le livre de Bill Gates "how to avoid a climate disaster"), écoute de podcasts (tous ceux téléchargés que je m’étais juré d’écouter en pédalant), et même un peu de travail, en lisant des articles de recherche que j’annote scrupuleusement.


Dans mon obsession de voyage léger, j’ai dans mes sacoches que la nourriture minimale pour tenir les trois jours de mauvais temps et les deux jours de rando derrière; la mini-epicerie de Giola, seul point de ravitaillement, est très peu fournie: même pas de pain, mais ces "kutaisi sweets", des pâtisseries un peu sèches et bourratives, mais qui égayeront donc les goûters de ma retraite. J’ai même la permission de ma logeuse d’utiliser sa bouilloire chez elle pendant qu’elle enseigne à l’école du village, donc avec cela, café et thé à volonté !

Sans compter tous les fruits que je peux ramasser sur les multiples arbres fruitiers du village.



Le lundi, il pleut intensément sans discontinuer: je note seulement 1h30 dans toute la journée et nuit sans pluie, où j’en profite pour faire un tour à Shovi, située 2km plus haut. Malgré les multiples hôtels et guest-house annoncés par maps.me (j’ai bien compris qu’il fallait pas faire confiance à la carte pour les possibles services dans les villages reculés, surtout en Géorgie: l’épicerie ou le restaurant que tu espères trouver n’est jamais là; à la place, souvent des bâtiments abandonnés et déglingués), je découvre un village fantôme.

Shovi


A mesure que la pluie tombe drue, le temps se refroidit bien. Pas de chauffage dans la guest-house: les habitants se chauffent au poêle à bois, mais la grande demeure où je suis est tellement mal isolée qu’aucune chaleur ne parvient à mon étage. Alors, je circule en doudoune et m’enfouis sous les couvertures.

Et je finis par comprendre que pour parvenir à faire sécher mes vêtements de vélo bien humides, le mieux est encore de les mettre sur moi dans les couvertures...


La douche est rustique: je ne fais d’abord couler que de l’eau glaciale, avant de comprendre comment marche le chauffe-eau. Celui ne dispense finalement qu’une eau plus tiède que chaude: plus j’essaie d’avoir de l’eau chaude, moins j’ai de débit, et moins l’ampoule qui m’éclaire est lumineuse. Bon, une douche en trois jours, ça suffira...


Le mardi, une accalmie se profile à partir de la fin de matinée. J'en profite pour redescendre en vélo, pour trouver du réseau, afin d’avoir une mise à jour sur la météo, télécharger des topos de rando, et donner des nouvelles aux proches. Mais petite déception, pas de réseau à la bifurcation. Il me faut remonter jusqu'à Choria pour être connectée: dans ma précipitation à quitter Batumi, j’ai semble-t-il choisi l’opérateur téléphonique le plus pourri (si un jour vous voulez avoir du réseau en Géorgie, ne choisissez surtout pas Beeline !). Un aller retour en vélo de 26km juste pour être connectée...


Au retour, je discute un peu avec ma logeuse. Mes rencontres géorgiennes sont pour l’instant tout le contraire de la Turquie: ceux qui me logent sont des femmes, et toute en discrétion. A Giola, ma logeuse s’excuse dès qu’elle pénétre à l’étage de la guest-house, comme si elle avait peur de me déranger. Quand je passe lui régler mes nuitées, elle me propose de m’asseoir à côté du poêle (elle est inquiète que j’ai froid là-haut), me lance des regards bienveillants, tout en restant assez silencieuse. Quand je lui dis que je pars pour 2 jours de randonnée le lendemain, elle veut que j’enregistre son numéro, au cas où. Je n’ose lui dire que je n’ai pas de réseau et donc pas moyen de l’appeler...


 

12 octobre - rando autour du lac Udziro


Le beau temps est revenu, et il est donc temps d’explorer le Caucase à pieds !

J’opte pour un trek de 2 jours qui fait une boucle autour du lac d’Udziro, en passant par un col à 3000m, le col Geske, avec parait-il de superbes vues. Ce trek est sensé être faisable de juin à fin septembre; je sens qu’en mi-octobre, je vais bien être embêtée par la neige, mais qui ne tente rien n’a rien...

J’ai le topo détaillé trouvé sur caucasus-trekking.com, plus celui affiché dans le village, donc ça devrait aller.


N’ayant pas vraiment de sac à dos pour des trek de plusieurs jours, je me confectionne un baluchon avec mon duvet en dehors du sac, et je ne prends que l’essentiel: un seul litre d’eau mais mon filtre à eau pour en recueillir sur mon chemin, ma tente mais pas de réchaud, de la nourriture la plus compacte possible, ma liseuse mais même pas de brosse à dents, je décide que la lecture est plus importante que l’hygiène bucco-dentaire d’un jour.


Mon baluchon pour 2 jours


Après une montée dans la forêt où il faut jouer les sangliers entre le sentier boueux et les arbres en travers du chemin, j’arrive sur la vallée de la rivière Chkocha, où au fond, alors que l’altitude augmente, tout est enneigé.

Oups, ça me paraît mal barré pour passer ce fameux col à 3000m en simple baskets, sachant qu’en plus le topo annonce une pente raide à 40 degrés...




A partir de 2500m, je progresse sur de la neige. Malgré mes baskets absolument pas waterproofs et en plus trouées (je commence à regretter ma résolution de les user jusqu'à la moelle avant d’en racheter), je décide de continuer: après l’échec du Kackar Dagi, je résolus de ne pas abandonner de sitôt et de persévérer !


Pour progresser sur les pentes raides, j’utilise 2 cailloux en guise de piolets, et trace patiemment des marches avec mes baskets: le soleil a un peu croûté la neige, et elle a la consistance parfaite pour creuser des marches, sans être très glissante.


Progression lente avec des marches sur la neige


Plus loin, c’est un peu plus galère, je suis entre des amas de cailloux recouverts de neige, avec des poches d’air aux abords qui font que je m’enfonce bien dans la neige.

J’essaie de choisir la route la plus secure, et je longe le Mont Dolomistsveri avant de bifurquer vers le col au Sud.

Moyennant des posés de main, et donc des gants trempés en plus des baskets, j’arrive au col, dont la fin est certes un peu raide mais pas exposée, donc je risque pas grand chose.


Enfin arrivée au col à 3000m


Le paysage enneigé est bien sûr magnifique, j’en prends plein la vue !





De l’autre côté du col, j’aperçois au loin le lac Udziro entre les pentes de neige. Je me rends compte que la meilleure manière de descendre le début du col est en faisant le toboggan dans la neige. C’est parti donc !


Au prix d’autres multiples enjambées dans la neige, j’arrive au lac Udziro situé à 1800m, qui est complètement gelé. D’après le topo, c’est sur les rives du lac que je suis sensée camper, avant de descendre vers Giola le deuxième jour.

Mais comment dire... Je n’ai pas vraiment révisé mes tutos sur comment faire un igloo dans ce paysage si enneigé !

Sans compter que mes pieds tout trempés n’ont guère envie de subir des engelures lorsque la température chutera en fin de journée...


Le lac Udziro



Il est à peine 14h, je suis allée bien plus vite que l’horaire annoncé, donc autant continuer jusqu'à trouver un spot de bivouac hors de la neige.

Après une petite remontée sur un autre col, je débouche sur une autre vallée, qui se retrouve aussi enneigée jusqu'à environ 2500m. Les derniers mètres en neige sont presque les plus durs, car la neige à la fin n’a pas vu le soleil et est assez gelée.



Je continue toujours ma descente, comme il est encore tôt dans l’après-midi. Le sentier replonge vite dans une forêt rébarbative, sur un chemin raide et boueux. Un terrain pas trop propice pour bivouaquer, donc autant finir ce trek supposément de 2 jours en un seul !


D’après le topo du village, la rando nécessite 2 jours, mais il ne faut pas faire confiance aux timing géorgiens.... finalement bien plus court que prévu !


J’arrive finalement à Giola vers 18h15, les jambes bien fourbues, après 10h15 de marche. Je pourrais repasser à la guest-house prendre certaines affaires, mais la flemme, je me pose camper juste après celle-ci dans un bout de forêt propice au camping.

Le soir, je ne veille pas tard car au final, cette longue marche en partie dans la neige m’aura bien fatigué: je dîne rapidement dans ma tente, avec presque un festin car je peux manger le stock de nourriture que j’avais prévu pour le lendemain midi: mais un festin seulement en quantité, car je n’ai qu’avec moi du pain datant de 4 jours, du saucisson dégueulasse et un malheureux bout de tablette de chocolat...


 

13 octobre - de Shovi à Shkmeri


Le lendemain, je retourne chercher mes affaires chez ma logeuse.

Le temps s’est bien refroidi, et je garde sous-pull mérinos, polaire et gore-Tex pour entamer la descente vers Oni. Par contre, mes tennis et mes gants sont encore bien trempés de la veille, et je suis juste chaussée de sandales + chaussettes, et n’ai d’autres alternatives que de prendre en guise de gants mes chaussettes les plus chaudes.


Mais alors que je commence à descendre sur la route un peu cabossée, je me rends compte que je n’ai plus qu’une chaussure qui sèche sur ma sacoche arrière... Mince, j’ai du la perdre en route... Et je remonte jusqu’a chez ma logeuse (ce qui a au moins le mérite de me réchauffer) pour essayer de la retrouver... jusqu’à ce que je me rende compte que la chaussure supposément perdue pendait en fait par un lacet sur le rebord de la sacoche...

il est des journées faites de faux départs et de Demi-tours...

je n’ai qu’une hâte, arriver à Oni, trouver un café et me réchauffer !

Et je fais effectivement une longue pause à Oni, d’abord dans un café puis dans un restau où je me pète le bide.


La suite de mon itinéraire doit m’emmener à Tbilissi, avant de repartir vers une autre partie du Caucase, Le Kazbegi.


Sur la carte, il y a une petite route, qui est la plus directe et donc la plus courte pour atteindre Tbilissi depuis Oni. Mais curieusement, maps.me me dit de l’éviter complètement et de passer par une grande route qui fait un grand détour par l’est. J’ai la sensation que la petite route est forcément coupée quelque part, peut être parce qu’elle croise un territoire russe.

Mais celle-ci m’intrigue et je décide quand même de l’emprunter.

Au bout de 1h30, je suis effectivement arrêtée par un homme sur la route, qui me dit que dans 3km, je ne pourrai plus continuer puisque j’arriverai en territoire russe.


Sur la mauvaise route


Oups... Me voilà bonne pour un deuxième demi-tour... En inspectant de plus près la carte, je vois effectivement que ce fameux raccourci pour atteindre Tbilissi passe pendant 50km en Ossetie du Sud, avant de rejoindre la Géorgie.

Mise à pied par l’envahisseur russe, je comprends mieux pourquoi l’homme qui m’a arrêté avait l’air dépité quand il parlait de “territoire russe”, puisque l’Ossetie du Sud est un territoire à l’origine géorgien occupé par la Russie depuis 2008.


Pas le choix donc que de prendre la route Oni-Sackhere, qui fait un bon détour pour se rapprocher lentement de la capitale géorgienne.

Et dès la bifurcation, ça grimpe, grimpe !

Les panneaux signalant des côtés raides s’enchaînent: ça va de 8% à 13%.

Je vois bien le col qui permet d’enjamber la vallée qui est encore haut et loin...

Après 2h45 de montée et un passage de 700m à 1700m de hauteur, j’arrive enfin au bout de la montée.

Au col, un beau panorama: au détour des lacets que fait la route, j’ai toujours une belle vue sur les montagnes enneigées du Caucase où j’étais la veille, mais où le temps semble commencer déjà à se bâcher.

Par contre, pas de panneaux indiquant le passage du col: ce n’est pas le genre de la Géorgie. Dommage, ce belle grimpette pourtant le mériterait bien !


Alors que la route commence un peu à descendre, il est déjà la fin d’après-midi.

Je décide de m’arrêter bivouaquer à un point stratégique, situé juste avant que la route remonte, à un endroit où iOverlander me signale un spot de bivouac et où en plus je peux me ravitailler en eau.

En Géorgie, il y a beaucoup moins de fontaines qu’en Turquie, mais ce qui est cool, c’est que les points d’eau sont très bien signalés sur maps.me.

Même si parfois ils sont très rustiques: celui que je trouve consiste simplement en un tuyau raccordé à une rivière !


Le spot indiqué par iOverlander suit une piste de terre qui s’éloigne de la route, mais avec une petite épreuve: la traversée d’une rivière.

Que faire alors que mes tennis sont presque enfin sèches après leurs péripéties dans la neige ?

J’enlève mes chaussette et je traverse finalement la rivière en sandales. Au moins, j’ai le droit à un bon bain de pieds glacé.


Je suis encore à 1600m d’altitude, je sens que la nuit va être fraîche...



 

14 octobre - de Shkmeri à Gomi


Le lendemain, le réveil est brutal, alors que je sors de ma tente vers 7h, le froid est bien là. Ma tente et mon vélo sont recouverts de givre, et mes bouteilles d’eau que j’ai bien sûr oublié de mettre au chaud dans me duvet ont gelé.


Le givre sur mon vélo



Ce sera donc retour dans le duvet et petit dej au lit...

Puis je m’active rapidement pour tout ranger: le meilleur moyen de se réchauffer, c’est encore de pédaler...

Mais une dernière épreuve m’attend avant de reprendre la route: le passage de la rivière. Aïe, ça glace les pieds: c’est moi ou l’eau a perdu plusieurs degrés depuis hier ?!


L’épreuve de la riviere


Heureusement, la route monte encore jusqu’à 1800m, ça permets de se réchauffer. Puis j’entame une descente plus ou moins vallonnée jusqu’à Sackhere.

Les belles couleurs de l’automne


Au passage, un monastère perché se dresse sur ma route. Je décide d’y jeter un coup d’œil. La petite route qui y mène est très raide: j’abandonne mon vélo et continue à pied. Mais celui-ci est en travaux, et il y a pas grand chose à voir..

Un monastère en travaux


La montée et descente à pied achèvent cependant mes jambes, qui souffrent bien de la longue rando d’il y a 2 jours et des nombreuses côtes à vélo. Je ne peux maintenant marcher sans boiter, donc l’arrivée à Tbilissi et le repos ne sont que trop attendus...


J’arrive finalement à Sackhere pour midi, en t-shirt: le temps automnal se réchauffe vite quand on descend en altitude, je suis maintenant à 400m.


La promesse d’un café, que j’ai pas pu prendre ce matin et d’un copieux repas du midi... de quoi faire oublier les misères du matin. Seule ville à des kilomètres à la ronde, Sachkere est en pleine effervescence: dans le centre, autour de la gare routière, les habitants se pressent autour du marché et des nombreuses petites boutiques.


Je reprends la route en début d’aprem revigorée par un bon kebab (le seul resto vendait de la nourriture type shawarma), pour découvrir...que je n’ai pas fini de grimper. Mon itinéraire suit en effet des coteaux en hauteur encore parcourus de vignes, et je monte de 400m jusqu’à 950m.

Des montagnes russes ! Je passe l’aprem entre montées et descentes.

La route est plus fréquentée, maintenant que je me rapproche de Tbilissi. Les automobilistes me klaxonnent beaucoup, tout ce boucan finit par m’agacer et me porter sur les nerfs...


Je découvre aussi que les chiens sont encore plus agressifs dans cette région: ils me suivent longuement en m’aboyant dessus, parfois en bande, et semblent prêts à me mordre. Et finalement, l’un d’eux finit par mordre violemment une mes sacoches, manquant de me faire tomber !



J’atteins mon objectif de la journée, Gomi, peu après 18h. Ah les lumières de Gomi... Je pensais qu’il s’agissait d’une ville avec quelques commodités (restaurants, guest house), mais je déchante vite. A part sa belle église, il n’y a pas grand chose, le seul restaurant indiqué sur la carte n’existe finalement pas. Je réalise qu’en regardant la carte, j’ai confondu Gomi et Gori, située plus loin sur ma route à environ 40km.

Moi qui était prête à me payer une guest-house pour faire sécher mes affaires de camping trempées et même un restau pour le dîner, ce sera pas possible !


Je plante ma tente finalement quelques kilomètres après Gomi, sur un patch de verdure à côté de la rivière Kura.

Une nuit très agréable en perspective m’attend sachant que ma tente est trempée (ma couverture de survie sert cette fois à recouvrir le sol gorgé d’eau de la tente avant d’y poser le matelas), et mon duvet aussi mouillé...

Je jette un coup d’œil à ma carte: si je veux éviter la grande route, il me reste 135km à faire jusqu’à Tbilissi. Vraiment pas gagné pour faire ça en un jour, même si c’est que j’avais prévu au départ, surtout vu mon état de forme et la pluie annoncée le lendemain...


 


15 octobre - de Gomi à Tbilissi



Le lendemain, le temps est très humide et bien maussade. Ma tente est toujours bien détrempée.

Après une nuit moyenne, c’est décidé, je renonce à faire tout le trajet jusqu’à Tbilissi en une journée.

Après tout, pourquoi toujours se presser et faire des tonnes de kilomètres ?

Je reviens donc à un objectif très modeste, la (vraie) ville de Gori, située à une quarantaine de km, si j’évite la grande route et passe par une petite route jalonnée de petits villages qui longe la voie ferrée.


Je m’arrête d’abord pour visiter la forteresse de Didi Keleti.

L’Eglise qu’elle contient est entièrement revêtue à l’intérieur de fresques religieuses sublimes, mais que je n’ai pas le droit de prendre en photo. Magnifique !



Alors que la pluie arrive plus vite que prévue, je suis particulièrement bien accueillie au village de Kareli: on m’offre d’abord de belles pommes, puis alors que je m’arrête pour un café, de délicieux biscuits.


Je continue ma route sous une légère pluie, et me perds dans le méandres de petites routes et hameaux qui bordent mon itinéraire. Chaque maisonnée et jardin semble avoir sa vigne personnelle.




L’occasion de visiter une autre église, cette fois avec un intérieur bien plus épuré. Puis, alors que je rejoins la route que je suis sensée prendre via une piste de terre, je suis arrêtée par des locaux en plein travail dans une vigne, qui parlent quelques mots d’anglais. Ils me disent qu’ils adorent voyager, bravo pour mon voyage, et s’empressent de me donner du raisin. Enfin des tonnes de raisin plutôt, il faut bien que je goûte à chaque variété !

Heureusement que ma sacoche de nourriture était presque vide... Car je repars maintenant avec bien 3kg de raisin blanc et noir !



Quelques km plus loin, je suis arrêtée par un autre local, qui me parle en anglais puis en français, en me disant qu’il a travaillé plus de 10 ans à Strasbourg. Et qui m’invite aussitôt pour le café et le déjeuner chez lui !

Ce sera bien sûr avec plaisir: cette journée tranquille est décidément pleine de surprises et de bonnes rencontres...


Je passe finalement la fin de matinée et l’après-midi avec David, un Géorgien d’une quarantaine d’années originaire de Tbilissi, qui a vécu 10 ans à Strasbourg et attend la décision de justice concernant l’obtention de papiers français pour y retourner.

Il me propose d’apprendre à cuisiner avec lui les Khinkali, ces ravioles géorgiennes fourrées à la viande. On repart en voiture à Kareli pour acheter tous les ingrédients sous fond de musique française.

Puis, nous confectionnons les Khinkali ensemble. La partie délicate consiste à plier la pâte remplie de garniture comme en mille-feuille pour leur donner leur forme caractéristique.


Nous dégustons ces délicieuses ravioles en trinquons à la vodka faite maison. Ah, moi qui avait peur d’être trop accueillie à coups de vodka en Géorgie, j’ai enfin le droit à mon premier shot (dans un verre estampillé “Strasbourg”).


La préparation des kinkhali arrosée de vodka


David doit aller à Tbilissi en voiture dans l’après midi rendre visite à son frère avec une amie, et il propose d’embarquer mon vélo, et de m’y emmener. Même si j’essaie d’expliquer ma philosophie de faire tout en pédalant, il comprend pas trop et insiste.

Alors, après tout, pourquoi pas ? Ça a l’air de faire vraiment plaisir à David, et cela me permet d’arriver comme prévu (et comme annoncé à mon hôte warmshowers Mar) ce samedi, en évitant la pluie et l’entrée à vélo dans une capitale peuplée de chauffeurs à la conduite dangereuse...

C’est parti donc, j’embarque avec David et son amie dans sa voiture en direction de Tbilissi.


David me dépose juste d’à côté de l’adresse indiquée par mon hôtesse, Mar. Et oui, pour une fois je suis accueillie par une fille: Mar est d’ailleurs une fervente cycliste, elle travaille pour une NGO qui promeut le vélo en Géorgie et les voyages à vélo dans le Caucase.

Chez elle, une surprise m’attend. Mais ce sera pour le prochain épisode !


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