Day 0 - Arrivée à Istanbul
Ma première soirée a été pleine de surprises.
Mon avion atterrissait à 18h45 à l’aéroport de Sabiha Gocken, située au sud d’Istanbul. Un des grands défis d’un cyclo-voyageurs est d’arriver à atteindre ou s’extirper des mégalopoles. Ayant déjà visité Istanbul, j’étais donc bien contente d’atterrir directement au Sud de la ville, et j’avais prévu un plan pour m’extirper de celle-ci, certes un peu naïf et ambitieux.
Malgré l’heure tardive de mon atterrissage, je pensais rouler une douzaine de km pour atteindre un spot de bivouac à l’orée de la ville, qui devait me permettre le lendemain de quitter Istanbul en direction du Sud.
Mais l’inattendu m’a rattrapée dès ma premiere soirée en Turquie.
Arrivée à l’aéroport avec 1h de retard, le temps de récupérer mes bagages et mon vélo (heureusement pas abîmé lors du trajet en avion), je quitte l’aéroport vers 21h15. Et je comprends vite que mon plan initial semble compromis.
Imaginez essayer de quitter CDG en vélo. Mission presque impossible non ? Et ben même chose pour l’aéroport de Sabiha, qui est strié de sortes de périphériques à péage de touts parts. Même armée d’un gilet jaune et de quelques éclairages, c’est trop dangereux de rouler de nuit sur de telles routes et avec un tel trafic.
Je tente de trouver un itinéraire alternatif en interrogeant la police et les officiers alentours, mais ceux ci parlent très peu anglais, et je comprends que j’aurais du commencer à pratiquer le turc sur duolingo plusieurs mois avant mon départ plutôt que quelques jours avant si je veux m’en sortir...
Je décide de revenir vers l’aéroport et d’opter pour un taxi pour me sortir de ce guêpier pour rejoindre mon lieu de bivouac.
Je tombe sur un chauffeur d’à peu près mon age qui parle anglais, et qui me propose de m’amener jusqu'à mon lieu prévu de villégiature. Mon vélo rentre qu’à moitié dans son coffre, mais qu’à cela ne tienne, j’embarque quand meme.
, en jetant régulièrement des coups d’œil à l’arrière pour vérifier que mon précieux compagnon de voyage n’à pas glissé hors du coffre.
On discute sur le trajet, je lui explique mon plan pour la nuit, et il me propose de loger chez lui à la place, il habite pas si loin.
J’hésite mais je finis par accepter; vu l’heure tardive, je suis soulagée de ne pas avoir à planter ma tente dans la nuit noire. Et puis après tout, j’ai ma fausse alliance qui signale que je suis mariée !
J’arrive à son appartement où il loge avec 2 colocs.
On passe finalement la soirée ensemble, en fumant la chicha (ce que je n’ai pas fait depuis mes années étudiantes... Les premières bouffées sont dures à avaler...) et en regardant un film (ce sera Intouchables en français avec sous titres turcs pour que tout le monde comprenne !).
Mon hôte est clairement un oiseau de nuit, je le rencontre un red bull à la main; la soirée se termine à 2h du mat, la nuit va être courte...
Une très bonne rencontre que mon hote Servar qui est aux petits soins pour moi, m’offre le dîner et le petit déjeuner et me trouve un endroit où acheter une cartouche de gaz. Le seul hic, en logeant chez lui, je suis montée 20km au Nord de mon point d’atterrissage et me voilà encore plus mal barrée pour m’extraire d’Istanbul...
Day 1 - from Gebze to Izmit
Le lendemain, j’explique mon problème à mon hôte, qui me conseille de prendre le bus jusqu’à Izmit, où j’ai déjà contacté un hote warm showers Ali, qui a l’air super sympa et me dit qu’il peut me loger quand je veux. Ça m’embête de me toujours pas être en train de pédaler, mais c’est la solution la plus raisonnable, et en plus Servar m’amène gentiment jusqu’à la gare. Ouf, l’agence me dit que le bus pourra prendre mon vélo, même si au moment où le bus arrive ça négocie fort en Turc entre le conducteur et l’agent de bureau pour parvenir à mettre le vélo en soute. Je choisis un compromis et décide juste d’aller en bus seulement jusqu’à Gebze, dans la banlieue sud d’Istanbul, puis de pédaler le reste de la route jusqu’à Izmir.
Une fois sortie du bus à la gare routière de Gebze, j’ai à peine le temps de donner 3 coups de pédales que je tombe nez à nez sur un autre cycliste. Décidément, dur de rester seule ! Ma bonne étoile me sourit en terme de rencontres. Il s’appelle Matthias, il est allemand et est déjà sur le vélo depuis plusieurs mois puisqu’il est parti d’Allemagne. Il voyageait jusqu’à présent avec sa copine, mais qui a pris la veille un avion pour rentrer, pendant que lui poursuit sa route à vélo. Il a un peu d’appréhension à rouler seul, et c’est avec soulagement qu’il me tombe dessus; nous décidons donc de rouler ensemble au moins jusqu’à Izmit.
La route n’a absolument rien d’agréable, on se retrouve coincés sur la bande d’arrêt d’urgence d’une sorte de grosse nationale, avec le bruit des autres véhicules, et une vigilance constante pour ne pas nous faire écraser à chaque sortie/bretelle. Mais c’est la loi qui régit la sortie des mégalopoles, pas d’autre choix que de l’accepter et d’attendre avec impatience les parties de route plus isolées dans la campagne...
En arrivant à Izmit, je me sépare momentanément de Matthias, car j’ai rdv avec mon hôte warm showers Ali qui ne peut loger qu’une personne. On échange nos numéros turcs et internationaux pour essayer de se retrouver dès que possible.
J’arrive à l’appartement d’Ali, que je rencontre avec sa femme Gamza, et sa fille Nissa. Ceux-ci m’accueillent à bras ouverts. Je discute autour d’une bière avec Ali. Il parle un peu anglais, mais parfois la communication est assez difficile et nous nous servons de Google translate pour traduire les phrases les plus compliquées. Je sens que l’application va devenir un des outils les plus utiles de mon voyage !
Ali est un soldat qui a servi en Ukraine, Russie, Géorgie, maintenant à la retraite du terrain, faisant seulement de l’administratif. Il rêve d’aller voyager en vélo en Europe avec sa femme et sa fille.
Nous dînons d’un très bon dîner préparé par Gamza. Puis les 2 m’accompagnent faire quelques courses de vivres au centre commercial du coin.
Nous finissons la soirée autour d’une seconde bière, où nous discutons des différences de niveau de vie entre nos pays respectifs, en comparant les salaires d’un prof, le prix de l’essence, les différences au niveau du système éducatif, etc.
Day 2 - from Izmit à Dukuncu
Le lendemain, lever vers 7h, je patiente un bon moment car mes hôtes ne sont pas du tout matinaux. Je finis par les réveiller à presque 11h du mat en sonnant chez eux après avoir fait un tour pour checker mon vélo au sous-sol.
Gamza et Ali m’offrent un brunch de luxe, et me disent de rester plus longtemps, surtout qu’ils annoncent de la pluie. Malgré, leur gentilesse, j’ai vraiment de me remettre en selle et je finis par partir vers 12h40. Je quitte les faubourgs de Kocaeli/Izmit via un réseau de petites villes suivant la route de Sapanca. Le paysage reste citadin, mais on sent que la campagne n’est pas loin, il y a d’ailleurs la direction d’une station de ski indiquée !
Je reste en contact avec Matthias via WhatsApp; il a dormi 20 km plus loin, et on n’est pas tout à fait sur la même route. A renforts de screenshots de maps.me qui donnent nos positions respectives, nous nous retrouvons à un carrefour de routes, environ 65km après que j’ai quitté Izmit.
Nous poursuivrons notre route sur la D140, jusqu’à un hameau appelé Docurkun, où nous avons répéré un spot de camping sur iOverLander. Nous tombons sur 2 villageoises très sympa, en habits traditionnels, qui essaient de discuter avec nous à renforts de Google translate.
Nous atteignons finalement pas le lieu de camping espéré, mais plantons nos tentes juste à côté d’un cimetière, sous une sorte de toit qui nous paraît le bienvenue au vue de la météo incertaine.
Day 3 - from Dokurcun to Nallihan surroundings
Nous commençons à pédaler sous un ciel plutôt clément, malgré la météo annoncée. Des environs de Docurkun, nous trouvons une petite route de campagne assez vallonnée très sympa avant de rejoindre la D140. La campagne contraste avec Istanbul et ses environs; les ruraux habitent dans des maisons sommaires, portent des vêtements bien plus traditionnels, et les routes sont souvent jonchée de détritus.
Nous atteignons Mudurnu pour la pause déjeuner. Une sympathique bourgade qui semble typique des environs, mais avec une curiosité à sa sortie: une sorte d’énorme résidence fantôme de maisons ressemblant à des mini-chateaux, commencées à être construites mais jamais terminées ! Peut être une résidence pour les vacanciers dont le projet n’est pas arrivé à son terme? Que d’argent gâché !
L’après-midi, nous continuons à grimper sur la D655 en atteignant notre premier col à 1210m, suivie d’une descente d’une vingtaine de km. Nous arrivons vers Nallihan avec un changement de décor, des plaines plus désertiques avec un mélange d’ocre et de terre rouge. Nous sommes accompagnés par un vent assez fort, que nous avons heureusement plutôt de dos. Magnifique !
Nous bifurquons sur une petite route, soigneusement choisie sur ma carte Michelin. Alors que le début de soirée approche, nous tombons sur un village où nous demandons à quelques villageois attroupés s’ils connaissent un bon endroit pour camper. Par chance, deux d’entre eux parlent anglais. L’une est d’ailleurs algérienne et nous échangeons même en Français. Après nous avoir régalés d’un gros paquet de figues, Ia famille nous escorte en voiture jusqu’à une sorte de jardin privé (qui n’a d’un jardin que le nom) près d’une rivière. Pas trop mal comme endroit pour dormir !
Après 117km et presque 1600m de dénivelé positif, nous sommes bien fatigués, et nous nous disons avec Matthias que nous essayerons de faire un jour plus cool le lendemain.
Mais une fois dans ma tente, après un coup d’œil à la carte qui indique un col à 1550m et un coup d’œil à mon altimètre qui indique seulement 400m, je comprends que le lendemain sera pas un jour de tout repos...
Day 4 - from Nallihan to Mihallicik
Nuit plus houleuse que celle d’avant, car le vent souffle. Nous partons vers 9h, en sachant que nous avons environ 33km de montée d’après les calculs de Matthias sur une de ses applications jusqu’au col. Ça grimpe sec et nous avançons doucement... J’avance un peu plus vite que Matthias, qui est plus chargé.
Première vraie pause au bout d’une dizaine de km, dans un hameau. Nous espérons faire un deuxième petit-dej car les premiers kilomètres de grimpe nous ont donné les crocs, mais on ne trouve finalement qu’un soda et des barres de céréales. La pause est cependant la bienvenue; le propriétaire du café vient nous parler mais comme souvent, il s’agit d’un dialogue de sourd, comme notre conversation en turc est très limitée. En lui montrant ma carte routière Michelin, nous comprenons cependant qu’il nous incite à suivre les grandes routes, parce qu’ici ça grimpe trop ! Je lui réponds que oui, mais qu’ici c’est "guzel" (beau).
Nous poursuivons notre chemin sur cette belle route de montagnes, aux vallées verdoyantes et aux petits villages perchés. Mais la belle vue a un prix, et on sue à grosses gouttes face à cette route montante qui n’en finit plus.
Deuxième pause à 27km, dans une petite échoppe qui fait de la poterie. Le monsieur nous offre quelques fruits que nous acceptons tout en espérant que cela va pas mettre nos estomacs en vrac (déjà l’eau bue à la fontaine n’était pas très claire...)
Nous finissons par atteindre le col bien 2h après l’heure du déjeuner. Celui-ci est en fait à 1610m. Pause déjeuner sommaire, comme tout ce que nous avons pu acheter sur la route est du pain et deux tomates. Heureusement il reste quelques biscuits et du chocolat pour reprendre un peu d’énergie !
Après cette belle bavante, nous décidons de faire une bonne pause à la ville suivante, Mihalliccik. Nous avons même des rêves de douche et d’hôtel...
Une fois arrivés, nous nous mettons donc en quête d’hotels. Nous ne sommes pas dans un endroit touristique, il y en a en fait qu’un seul. Matthias se charge d’aller demander le prix. C’est 200 lires turques pour une chambre, soit environ 12 euros. Nous discutons de l’option hôtel devant un chai (thé). Douche chaude, WiFi et un peu de confort nous donnent bien envie, mais nous sommes un peu pingres, et nous nous demandons si nous avons le droit à autant de luxe après seulement 4 jours de vélo ! Nous pourrions aussi continuer à pédaler pendant les 20km de descente qui suivent, et bivouaquer...
Indécis, nous décidons par un choix arbitraire: si nous arrivons à baisser le prix à 150 lires, nous prenons la chambre d’hôtel. Négociation facile, dans cet hôtel quasi vide. Douche chaude, lessive, appel aux proches sur du Wi-Fi nous attendent donc, et même pour Matthias un match de basket-ball en video, car c’est un grand fan de ce sport !
Nous complétons la soirée par un repas copieux dans un boui-boui: riz, haricots, poulet, salade, ayran en quantité pour recharger les batteries pour la journée du lendemain.
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